John TUNIS (1889-1975)

Écrivain et chroniqueur sportif américain

JournalisteComme nombre de ses contemporains masculins, John Tunis était un brin misogyne. En 1928, aux Jeux d’Amsterdam, les femmes furent pour la première fois autorisées à participer aux épreuves olympiques d’athlétisme (100 mètres, 800 mètres, relais 4 fois 100 mètres, saut en hauteur, lancer du disque). Le 800 mètres donna lieu à une polémique, orchestrée par les thuriféraires de la «masculinité sportive». Cette épreuve vit la victoire de l’Allemande Lina Radke (2 min 16,8 s, record du monde), à l’issue d’une lutte farouche avec la Japonaise Kinue Hitomi (2 min 17,6 s). Au terme de cet effort intense, des concurrentes s’allongèrent le long de la piste, à bout de forces. Ce spectacle heurta quelques âmes sensibles et les comptes rendus qu’on put lire dans la presse s’attardèrent plus à décrire ces prétendues défaillances qu’à évoquer l’exploit de la gagnante. John Tunis, ajoutant la mauvaise foi à la dramatisation de l’événement, écrivit ainsi: «Sous nos yeux, sur la piste cendrée, se trouvaient onze pauvres femmes; cinq ont abandonné avant la fin de la course, et cinq se sont effondrées sur la ligne d’arrivée.» Cette compassion n’honore guère le journaliste, car ces quelques lignes sont émaillées de contre-vérités: neuf concurrentes (et non onze) ont pris part à la course, aucune n’a abandonné, personne ne s’est effondré (certes, deux jeunes femmes se sont allongées sur la piste pour récupérer de leurs efforts, mais c’est une chose habituelle pour les hommes dans les courses de demi-fond). Toujours est-il que le Comité international olympique (C.I.O.) raya le 800 mètres féminin du programme: jusqu’en 1960, aucune épreuve athlétique de plus de 200 mètres ne sera proposée aux femmes.

©Pierre LAGRUE


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Commentaires

Une réponse à “John TUNIS (1889-1975)”

  1. Avatar de Annie89
    Annie89

    Pour empêcher l’émancipation de la femme, tout était bon. Malheureusement, c’est encore parfois le cas…

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