Aimé HAEGEMAN (1861-1935)

Cavalier belge

L’épreuve équestre de saut d’obstacles est désormais une des compétitions majeures du programme olympique. De multiples champions y ont conquis la gloire. Cette épreuve fut organisée pour la première fois aux Jeux de Paris, en 1900, et vit la victoire du Belge Aimé Haegeman, officier de lanciers et instructeur à l’école de cavalerie d’Ypres. Montant Benton-II, un cheval bai de 10 ans d’origine irlandaise, il réalisa un sans-faute et boucla le parcours (850 m, 22 obstacles) en 2 min 16 s. Pour sa victoire, il reçut la coquette somme de 6 000 francs car, au grand dam de Pierre de Coubertin, des « professionnels » étaient autorisés à participer aux Jeux, et des prix en espèces pouvaient récompenser les lauréats. Par la suite, Aimé Haegeman devint colonel de l’armée belge et maître d’équitation à l’École royale militaire.

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Katarina WITT (1965- )

Patineuse est-allemande

Usant de son charme, séduisante et séductrice, Katarina Witt marqua le patinage artistique féminin de son empreinte. Avec elle, le patinage artistique connut un engouement médiatique inédit, qu’il conservera. Katarina Witt s’initie au patinage artistique sous la direction de l’entraîneuse est-allemande Jutta Müller, qui a déjà formé Gabrielle Seyfert et Anett Poetsch. Championne d’Europe en 1982, elle obtiendra cinq autres titres (1983, 1984, 1985, 1987 et 1988). Elle connaît son premier sacre mondial en 1984, performance qu’elle rééditera en 1985, 1987 et 1988.

En 1984, lors des Jeux Olympiques de Sarajevo, elle s’adjuge le titre, grâce à un programme libre parfait, s’imposant devant la favorite américaine Rosalynn Sumners. En 1988, à Calgary, une autre Américaine, Debi Thomas, se veut sa principale rivale. Interprétant une Carmen enjôleuse à l’érotisme quelque peu provocant, Katarina Witt charme juges et public, et obtient une nouvelle médaille d’or, devant la Canadienne Elizabeth Manley. Elle met alors un terme à sa carrière et se produit dans les spectacles professionnels.

Elle laisse l’image d’une patineuse à l’élégance absolue, qui a su marier ses qualités physiques à un charme incomparable. En 1994, à Lillehammer, les professionnels étant autorisés à participer aux Jeux, Katarina Witt se classe septième de l’épreuve remportée par l’Ukrainienne Oksana Baïul, mais le public lui réserve une magnifique ovation, saluant une dernière fois sa grâce.

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Barbara KRAUSE (1959- )

Nageuse est-allemande

Barbara Krause remporta 3 médailles d’or aux Jeux Olympiques de Moscou, en 1980 (100 m, 200 m, relais 4 fois 100 m). Sur le moment, on loua son exploit. En effet, cette nageuse massive (1,80 m, 65 kg) avait la plus difficile des relèves à assurer, celle de sa compatriote Kornelia Ender, grande star du sport est-allemand, jolie comme un cœur, pourvue d’un immense palmarès.

Mais Barbara Krause aurait déjà dû briller aux Jeux Olympiques de Montréal, en 1976. En effet, détentrice du record du monde du 400 mètres, elle était largement favorite sur cette distance. Or elle déclara forfait : officiellement, elle était malade, victime d’une mauvaise grippe ; en réalité, les médecins de l’équipe est-allemande avaient refusé qu’elle participe à ces Jeux car, soumise comme tous les sportifs est-allemands à des contrôles antidopage « locaux » (cette pratique permettait de vérifier si le sportif risquait un contrôle positif ; si c’était le cas, on le retirait de la liste des participants), elle fut positive, en raison d’une dose de produits dopants mal calculée.

Barbara Krause qui, en 1978 aux Championnats du monde de Berlin dominés par les Américaines, avait été la seule Allemande de l’Est médaillée d’or, mit fin à sa carrière après les Jeux de Moscou, à 21 ans. Bien sûr, la révélation du système de dopage d’État mis en œuvre en R.D.A. ternit son palmarès. Surtout, il a provoqué chez elle comme chez d’autres championnes de graves problèmes de santé : Barbara Krause a donné naissance, à trois d’écart, à deux enfants handicapés (pieds bots) ; elle est persuadée que ces malformations sont liées à la prise contrainte de stéroïdes anabolisants.

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Petra SCHNEIDER (1963- )

Nageuse est-allemande

Petra Schneider fut une des Wondernmädchen de la R.D.A. qui dominèrent les compétitions sportives durant les années 1970 et 1980. En 1980, aux Jeux de Moscou, elle remporta la médaille d’or dans le 400 mètres 4 nages et la médaille d’argent dans le 400 mètres. Elle obtint également deux médailles d’or aux Championnats du monde en 1982 (200 mètres 4 nages et 400 mètres 4 nages). Bien sûr, la révélation du dopage d’État en R.D.A. prouva qu’elle était dopée. Elle-même avouera qu’on l’avait soumise au dopage dès l’âge de 14 ans. Elle expliquera que, à 16 ou 17 ans, elle comprit, en voyant son corps se transformer et sa voix muer, que tout cela était anormal ; mais, ayant peur pour sa famille, elle n’a pas cherché à interrompre le processus.

Petra Schneider, qui souffrira de problèmes cardiaques, fut une des rares championnes est-allemandes à demander que son palmarès soit révisé : ainsi, en 2005, elle demanda à la Fédération allemande de natation de rayer des tablettes le dernier record qu’elle possédait encore, le record d’Allemagne du 400 mètres 4 nages, car celui-ci avait été établi en 1982 « grâce » au dopage.

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Grit BREUER (1972- )

Athlète allemande

La carrière de Grit Breuer est aussi longue que marquée du sceau du soupçon : elle débuta sur la scène internationale aux Jeux Olympiques de Séoul, en 1988, où elle disputa les séries du relais 4 fois 400 mètres avec la R.D.A., et n’annonça sa retraite sportive qu’en 2005, quinze ans après la réunification de l’Allemagne. Elle symbolise aussi les difficultés de l’intégration des sportifs de la R.D.A. au sein de l’Allemagne unifiée.

Lors des Championnats d’Europe d’athlétisme de 1990 à Split, Grit Breuer remporta le 400 mètres et le relais 4 fois 400 mètres, sous les couleurs de la R.D.A. En 1991, elle obtint la médaille d’argent sur 400 mètres aux Championnats du monde d’athlétisme de Tokyo, sous les couleurs de l’Allemagne unifiée. En janvier 1992, tout comme ses coéquipières Katrin Krabbe et Silke Gladisch-Möller, elle fit l’objet d’un contrôle antidopage inopiné, et les échantillons intriguèrent les contrôleurs : on ne découvrit pas d’anabolisants, mais les analyses étaient absolument identiques, comme si elles provenaient d’une seule et même personne ! Un avocat leur évita la suspension… mais provisoirement : en juillet 1992, un nouveau contrôle inopiné mit au jour des traces de clenbutérol (anabolisant) dans les urines de Grit Breuer, qui fut suspendue deux ans.

Grit Breuer reprit la compétition, obtint une médaille de bronze dans le relais 4 fois 400 mètres aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996 d’Atlanta, puis une médaille d’or, toujours avec le relais 4 fois 400 mètres aux Championnats du monde en 1997 à Athènes. Elle remporta de nouveau le 400 mètres et le relais 4 fois 400 mètres aux Championnats d’Europe de Budapest en 1998, puis une nouvelle médaille de bronze dans le relais 4 fois 400 mètres aux Championnats du monde en 1999. En 2002, elle obtint la médaille d’argent sur 400 mètres et la médaille d’or dans le relais 4 fois 400 mètres aux Championnats d’Europe de Munich. Mais, en septembre 2004, elle s’est soustraite à un contrôle inopiné de l’agence antidopage allemande. Ajoutons que son compagnon et ex-entraîneur Thomas Springstein sera condamné à 16 mois de prison avec sursis pour avoir fourni des anabolisants à une jeune athlète de 17 ans.

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Water-polo et bataille rangée en 1956

Du sang dans la piscine…

1956ZADORLes événements politiques marquèrent bien souvent l’histoire olympique. Les conflits internationaux annexèrent les enceintes sportives à de multiples reprises. Un des épisodes les plus connus de cette intrusion du politique vers le sportif se déroula en 1956, aux Jeux de Melbourne, au cours d’un match de water-polo opposant la Hongrie à l’U.R.S.S. Continuer la lecture de « Water-polo et bataille rangée en 1956 »

Rica REINISCH (1965- )

Nageuse est-allemande

Spécialiste de la nage sur le dos, Rica Reinisch remporta 3 médailles d’or aux Jeux Olympiques de Moscou, en 1980 (100 et 200 mètres dos, relais 4 fois 100 mètres 4 nages). Bien sûr, comme la plupart de ses compatriotes, elle avait été dopée à son insu. À l’âge de 16 ans, elle commença à souffrir lors de ses menstruations. Les médecins découvrirent alors que ses ovaires avaient grandi anormalement. Sa mère l’obligea à arrêter sa carrière sportive, juste après les Jeux Olympiques de Moscou. Victime de problèmes cardiaques, elle fit deux fausses couches. Lors du procès du dopage en Allemagne de l’Est, en 2000, elle accepta de témoigner et reçut des dommages et intérêts.

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Thomas KOEHLER (1940- )

Lugeur est-allemand

Thomas Koehler fut le plus brillants des lugeurs dans les années 1960. Il remporta deux titres olympiques (plus une médaille d’argent) et trois titres mondiaux. Surtout, il fut une figure marquante du mouvement sportif est-allemand.

En effet, Thomas Koehler remporta sa première médaille d’or olympique en 1964, à Innsbruck, sous les couleurs de l’« équipe unifié d’Allemagne ». En 1968, année de l’arrivée de la R.D.A. aux Jeux, à Grenoble, il fut le porte-drapeau de la délégation est-allemande, puis se distingua sur la piste : il obtint la médaille d’argent en luge monoplace, derrière l’Autrichien Manfred Schmid ; surtout, associé à Klaus Bonsack, il remporta la compétition biplace, offrant à la R.D.A. la première médaille d’or de son histoire olympique naissante. Il prit alors sa retraite sportive, puis exerça de hautes responsabilités dans le mouvement sportif de la R.D.A. (vice-président de la Deutscher Turn- und Sportbund, membre éminent du Comité olympique est-allemand…). À ces postes, il avait bien sûr connaissance du dopage d’État en R.D.A. En 2010, il en apporta la confirmation dans une autobiographie. Il admit que le dopage touchait tous les sportifs, même les enfants. Néanmoins, il minimisa le phénomène, lui trouvant des justifications « médicales : « La délivrance des substances dopantes se faisait dans le strict respect du contrôle médical ; de ce fait, les graves problèmes de santé et même les décès causés par le dopage dans d’autres pays ne pouvaient pas survenir en R.D.A. » Il tenait Manfred Ewald, président du Comité olympique est-allemand, comme seul responsable car, les « responsabilités étant tellement diluées que, à l’exception de Manfred Ewald, chacun ne connaissait que ce qui lui était nécessaire pour appliquer le programme. »

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Frederick LANE (1880-1969)

Nageur australien

Frederick Lane fut le premier grand nageur australien. Il remporta deux épreuves aux Jeux Olympiques de Paris, en 1900, et fut le premier homme à nager le 100 yards en moins d’une minute. La vocation aquatique de Frederick Lane naquit d’une curieuse manière : alors qu’il était âgé de quatre ans, son frère le sauva de la noyade dans le port de Sydney ; il décida alors d’apprendre à nager. S’étant installé en Angleterre en 1899, Frederick Lane fut un des deux Australiens (avec l’athlète Stan Rowley) sélectionnés pour participer aux Jeux Olympiques de Paris, en 1900. En fait, il construisit son palmarès olympique en une journée, le 12 août. Ce jour-là, il remporta d’abord le 200 mètres nage libre, devant le Hongrois Zoltán von Halmay. Trois quarts d’heure plus tard, il se remettait à l’eau pour participer à une bien curieuse épreuve, le 200 mètres avec obstacles (les nageurs devaient franchir des barques, ce qui amusait le public, car, à chaque passage, les juges assis dans la barque, en costume et canotier, risquaient de tomber à l’eau) ! Il s’imposa devant l’Autrichien Otto Wahle. Après les Jeux Olympiques, Frederick Lane résida en Angleterre durant deux ans, travaillant pour un cabinet d’avocats à Blackpool, tout en continuant de nager en compétition. Ainsi, en octobre 1902, il cassa la barrière de la minute sur 100 yards (59,6 s). Notons que, en août de la même année, il avait nagé le 220 yards en 2 min 28,6 s (en 1974, la Fédération internationale de natation reconnaîtra cette performance comme le premier record du monde officiel du 200 m). De retour en Australie, il exerça la profession de maître imprimeur.

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Helga LINDNER (1951- )

Nageuse est-allemande

Les ondines aux larges épaules ont rapporté à la R.D.A. de multiples médailles olympiques, la plupart d’entre elles frelatées par le dopage d’État. Mettons néanmoins en avant Helga Lindner, qui fut, en 1968 aux Jeux de Mexico, la première femme est-allemande à obtenir une médaille en natation : âgée de 17 ans, elle s’adjugea la médaille d’argent sur 200 mètres papillon, devancée seulement par la Néerlandaise Ada Kok. Helga Lindner, championne d’Europe sur 200 mètres papillon et avec le relais 4 fois 100 mètres est-allemand en 1970, participa encore aux Jeux de Munich, en 1972, où elle ne se classa que sixième du 200 mètres papillon. Elle a sans doute alors mis fin à sa carrière car, par la suite, son nom n’apparaît plus dans aucune compétition nationale ou internationale.

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