Naïm SULEYMANOGLOU (1967-2017)

Haltérophile turc d’origine bulgare

suleymanoglouNaïm Suleymanoglou fut le premier haltérophile à remporter 3 médailles d’or consécutivement aux Jeux. Mais s’il figure ici au titre de l’olympisme inattendu, c’est que sa trajectoire sort de l’ordinaire. Déjà, ce «petit grand homme» changea trois fois de patronyme. Né en Bulgarie, il se nomme Naïm Suleymanov. Bientôt, les autorités bulgares durcissent le ton avec la minorité turcophone dont est issu Naïm, et son nom de famille doit être «bulgarisé»: le futur «Hercule de poche» devient Naum Shalamanov. C’est sous ce nom qu’il remporte en 1983 son premier titre de champion du monde. En décembre 1986, à l’occasion d’une épreuve de Coupe du monde qui se tient à Melbourne, il parvient à déjouer la surveillance des deux agents de Sofia chargés de le surveiller, se réfugie dans l’ambassade de Turquie, puis gagne Ankara, où le Premier ministre turc Turgut Özal l’accueille en héros. Le voici doté d’un troisième patronyme: Naïm Suleymanoglou. Comme le veut le règlement, il ne pourra participer aux Jeux Olympiques de Séoul, en 1988, sous les couleurs turques, que si la Bulgarie donne son accord. Surprise: Sofia accepte (on apprendra plus tard que l’État turc a versé 1 million de dollars à l’État bulgare pour l’amadouer). Naïm Suleymanoglou devient champion olympique des poids plume (342,5 kg), devant le Bulgare Stefan Topourov (312,5 kg), humilié. Il devient un héros national turc et reçoit une incroyable récompense: l’Union des banques turques lui offre 342,5 kg d’or, ce qui correspond à son total olympique. L’haltérophile prend quelques libertés avec l’hygiène de vie, devient un roi de la nuit. Cela ne l’empêche pas de conquérir un nouveau titre olympique, en 1992 à Barcelone. Il marque définitivement l’histoire en obtenant une troisième médaille d’or, en 1996 à Atlanta: il domine le Grec Valerios Leonidis, dans un contexte de tensions politiques entre la Turquie et la Grèce,. Il participe encore aux Jeux en 2000, à Sydney, mais sans réussite. Sa carrière terminée, Naïm Suleymanoglou mène une vie de bâton de chaise, dilapide sa fortune. Dans les années 2010, il en termine avec les excès, et devient apiculteur. Il est également conseiller auprès du ministère des Sport, pour un salaire mensuel de quelque 900 euros… Les kilos d’or ont fondu comme neige au soleil. Celui qu’on surnommait l’«Hercule de poche» décède en novembre 2017.

©Pierre LAGRUE


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