Quelques précisions sur le credo olympique

La pensée de Coubertin mal interprétée

Le début des compétitions d’athlétisme des Jeux de Rio, en 2016, voit des concurrents venus de pays exotiques réaliser des performances très méritoires pour eux-mêmes, mais plus que médiocres dans l’absolu. Certains commentateurs rendent un juste hommage à Eitmoni Timuani, de Tuvalu, qui court le 100 mètres en 11,81 s, ou à la Somalienne Maryan Muse, qui réalise 1 min 10,14 s sur 400 mètres. À chaque fois, ils citent la phrase prétendument de Coubertin, le credo olympique: «L’important c’est de participer.»

Quelques précisions s’imposent. Déjà, le credo olympique n’a pas été inventé par Coubertin, mais par Mgr Talbot, évêque anglican de Pennsylvanie, à l’occasion des Jeux de Londres en 1908. Lors de ces Jeux, la rivalité entre Américains et Britanniques conduisait à de nombreux dérapages, et il voulut ramener tout le monde à la raison. Coubertin reprit une partie de ce sermon pour en faire le credo olympique. En revanche, pour Coubertin, ce credo ne signifiait pas que le commun des mortels pouvait prendre part aux Jeux. En effet, Coubertin ne fut jamais partisan d’ouvrir les Jeux à des champions de second rang: pour lui, seuls les athlètes qu’il qualifiait de «première classe» avaient leur place aux Jeux. Il adopta le credo pour tenter de lutter contre les nationalismes et le chauvinisme ainsi que pour glorifier le chevaleresque combat sportif: «Belle est la victoire, plus belle est la noble lutte» est une maxime qui résume mieux la pensée du baron que le credo olympique.

©Pierre LAGRUE




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