Frank STACK (1906-1987)

Patineur canadien

STACK (2)Frank Stack connut une étonnante longévité olympique, puisqu’il participa aux Jeux pour la première fois en 1932, pour la dernière fois en 1952. Frank Stack, qui commença à patiner à treize ans, fut le meilleur patineur de vitesse canadien dès les années 1920. Néanmoins, il n’aurait sans doute jamais été médaillé olympique si les compétitions de patinage de vitesse des Jeux Olympiques d’hiver de Lake Placid s’étaient déroulées selon le format habituel (les concurrents s’élancent deux par deux et se battent avant tout contre le chronomètre). En effet, elles se déroulèrent départ groupé, comme c’était la norme en Amérique du Nord. Les concurrents européens furent décontenancés, et Frank Stack sut donc profiter de l’aubaine et saisir sa chance, puisqu’il s’adjugea la médaille de bronze dans le 10 000 mètres. En 1936, il ne participa pas aux Jeux d’hiver de Garmisch-Partenkirchen, non pas pour protester contre ces Jeux nazis, mais… parce qu’il n’avait pas les moyens de payer le voyage ! Frank Stack prit encore part aux Jeux d’hiver en 1948 à Saint-Moritz, puis en 1952 à Oslo, sans briller. Il prit sa retraite sportive en 1954, avant d’en sortir en 1966 : à soixante ans, il obtint plusieurs médailles aux Championnats du Canada en salle.

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Irving JAFFEE (1906-1981)

Patineur américain

JAFFEE (2)Le palmarès olympique d’Irving Jaffee est curieux à double titre : il fut privé injustement d’une médaille d’or en 1928 et remporta dans la controverse deux médailles d’or en 1932. Irving Jaffee fut un des meilleurs patineurs de vitesse américains dans la seconde moitié des années 1920. Il fut donc sélectionné pour participer aux Jeux Olympiques d’hiver de Saint-Moritz, en 1928. Dans le 10 000 mètres, il avait réalisé le meilleur temps alors que sept des dix inscrits avaient terminé leur course ; il pensait donc tenir la médaille d’or. Coup de théâtre : la chaleur (25 0C) commençait de faire fondre la glace, et la course fut annulée par le juge-arbitre norvégien (indiquons qu’Irving Jaffee précédait tous les concurrents norvégiens !). Continuer la lecture de « Irving JAFFEE (1906-1981) »

Yngvar BRYN (1881-1947)

Athlète et patineur norvégien

BRYN-2-blackwhiteYngvar Bryn fait partie de ces champions qui se distinguèrent dans plusieurs disciplines, et il aurait participé à la fois aux Jeux d’été et aux Jeux d’hiver si ces derniers avaient existé à l’époque. En effet, Yngvar Bryn se distingua d’abord en athlétisme : il fut notamment champion de Norvège du 500 mètres en 1900 et en 1902. En 1900, il participa aux compétitions d’athlétisme des Jeux de Paris, où il fut éliminé dès les séries dans les 200 et 400 mètres. Par ailleurs, il fut le président de la Fédération norvégienne d’athlétisme de 1908 à 1911. Il se tourna alors vers une autre discipline : le patinage artistique. En 1912, il épousa Alexia Schøien, et le couple fut médaillé de bronze aux Championnats du monde dès 1913. En 1920, Yngvar et Alexia Bryn prirent part aux compétitions de patinage artistique des Jeux d’Anvers, qui seront qualifiés rétrospectivement « Jeux d’été », car les Jeux d’hiver ne naîtront qu’en 1924. Yngvar et Alexia Bryn obtinrent la médaille d’argent, devancés par un autre couple marié, les Finlandais Walter Jakobsson  et Ludowika Jakobsson.

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Gunda NIEMANN-STIRNEMANN (1966- )

Patineuse allemande

Niemann-boostOn peut parfois se perdre en consultant les palmarès féminins. Ainsi, Gunda Kleeman s’adjugea huit médailles olympiques sous deux noms différents, et sous le maillot de deux pays, sans pour autant changer d’identité ! Gunda Kleemann, née à Sondershausen, alors en R.D.A., quitta le foyer familial pour intégrer une section sport-études à l’âge de douze ans. Elle s’initia au volley-ball puis à l’athlétisme, avant de décider de faire carrière dans le patinage de vitesse. Elle commença la compétition sous son nom, Gunda Kleemann, mais conquit ses médailles sous deux autres noms. En effet, elle épousa le judoka est-allemand Detlef Niemann, mais le couple divorça en 1990. Elle conserva néanmoins son nom de femme mariée, et se fit appeler Gunda Niemann en compétition. En 1997, elle se remaria, avec Oliver Stirnemann, et, dans les palmarès, elle se nommait désormais Gunda Niemann-Stirnemann. Moins anecdotique : avec la chute du Mur de Berlin en 1989, cette championne est-allemande défendit les couleurs de l’Allemagne unifiée. Toujours est-il qu’elle s’adjugea huit médailles aux Jeux Olympiques : deux médailles d’or (3 000 et 5 000 mètres) et une médaille d’argent (1 500 mètres) en 1992 ; une médaille d’argent (5 000 mètres) et une médaille de bronze (1 500 mètres) en 1994 ; une médaille d’or (3 000 mètres) et deux médailles d’argent (1 500 et 5 000 mètres) en 1998. Par ailleurs huit fois championne du monde, surnommée la « Reine de la glace », Gunda Niemann-Stirnemann fut une des rares patineuses de vitesse sollicitées par la publicité : ainsi, durant ses heures de gloire, ses contrats publicitaires lui rapportaient plus de 300 000 dollars par an.

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Lioudmila TITOVA (1946- )

Patineuse soviétique

TITOVA-2-antiqueLioudmila Titova remporta trois médailles aux Jeux Olympiques : deux en 1968 à Grenoble (or sur 500 mètres, argent sur 1 000 mètres) ; une à Sapporo en 1972 (bronze sur 500 mètres). Elle fut en outre la première championne du monde de sprint en 1970. Mais si Lioudmila Titova mérite mention au titre de l’olympisme inattendu, c’est pour son après-carrière. Avec deux autres femmes diplômées de l’Institut d’aviation de Moscou, elle réussit l’exploit, en 1996, d’atteindre le pôle sud géographique à skis.

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Oleg PROTOPOPOV (1932- ) et Ludmila BELOUSSOVA (1935-2017)

Patineurs soviétiques

Protopopow-2-freshblueOleg Protopopov et Ludmila Beloussova symbolisent à la fois la perfection de l’école soviétiques de patinage artistique, avec un style romantique caractérisé par des mouvements tout en lenteur rappelant le ballet russe, et les difficultés de la vie dans l’U.R.S.S. au temps de la guerre froide. Oleg Protopopov et Ludmila Beloussova se rencontrèrent en 1954 ; ils commencèrent de patiner ensemble, puis se marièrent en 1957. Champions olympiques de patinage par couple en 1964 à Innsbruck, ils apportaient à l’U.R.S.S. sa première médaille d’or dans cette épreuve aux Jeux, tout en inaugurant une tradition, puisque ce titre reviendra toujours à un couple soviétique jusqu’à la disparition de l’U.R.S.S. En 1968, aux Jeux de Grenoble, ils s’imposèrent de nouveau, devant leurs compatriotes Tatiana Zhuk et Aleksandr Gorelik. Passés professionnels après les Jeux de 1968, les deux époux patinèrent dans une troupe de Leningrad. En 1979, ils quittèrent l’U.R.S.S. et demandèrent l’asile politique en Suisse. Ils rejoignirent par la suite la troupe américaine Ice Capades. Ils continuèrent à disputer des compétitions professionnelles et à donner des galas à soixante ans passés.

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Terry McDERMOTT (1940- )

Patineur américain

McDERMOTT (2)Terry McDermott connut la gloire grâce à une plaisanterie lors d’une émission télévisée. En 1964, il remporta la médaille d’or dans le 500 mètres aux Jeux Olympiques d’Innsbruck. Il fut alors sollicité largement par les médias : d’une part, il devançait le Soviétique Evgueni Grichine, médaillé d’or en 1956 et en 1960, ce qui n’était pas anodin en cette période de guerre froide ; d’autre part, il apportait aux États-Unis leur seule médaille d’or à Innsbruck, leur évitant la déroute. À son retour, il fut invité à participer au Ed Sullivan Show, une émission très populaire ; or, le même jour, les autres vedettes du Show étaient les Beatles, qui se produisaient pour la première fois aux États-Unis. Coiffeur dans la vie civile, Terry McDermott fit semblant de couper les cheveux de Paul McCartney dans la coulisse. Cette image fit le tour du monde et apporta à Terry McDermott une gloire inattendue. En 1968, Terry McDermott fut le porte-drapeau de la délégation américaine lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Grenoble, lors desquels il obtint la médaille d’argent dans le 500 mètres.

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Peggy FLEMING (1948- )

Patineuse américaine

Fleming (2)Peggy Fleming illumina par sa grâce les Jeux Olympiques d’hiver de Grenoble, dans un contexte difficile pour les sports d’hiver américains. En effet, alors que les États-Unis dominaient le patinage artistique féminin dans les années 1950, une catastrophe aérienne mit fin à cette hégémonie : l’avion qu’empruntait la délégation américaine pour se rendre aux Championnats du monde de Prague en 1961 s’écrasa près de Bruxelles. Plusieurs champions et championnes américains en devenir trouvèrent la mort, ainsi que l’entraîneur de Peggy Fleming, Bill Kipp. La jeune Peggy Fleming eut alors la lourde tâche de restaurer la suprématie américaine en patinage artistique. En 1964, elle ne termina que sixième aux Jeux d’hiver d’Innsbruck. Championne du monde en 1966 et en 1967, devançant à chaque fois l’Allemande de l’Est Gabriele Seyfert, elle connut donc la consécration en 1968 aux Jeux de Grenoble, obtenant la médaille d’or, devant Gabriele Seyfert et la Tchécoslovaque Hana Maskova. Elle offrit aux États-Unis leur unique médaille d’or durant ces Jeux. En outre, les Jeux Olympiques d’hiver étaient pour la première fois retransmis en direct et en couleurs à la télévision, ce qui fit beaucoup pour l’image de Peggy Fleming, dont la petite robe vert anis devint célèbre. Elle mit alors un terme à sa carrière, et se produisit lors de spectacles sur glace et de shows télévisés.

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Pierre BRUNET (1902-1991) et Andrée JOLY (1901-1993)

Patineurs français

BRUNET-freshblueEn remportant la compétition de patinage par couple aux Jeux Olympiques de Saint-Moritz, en 1928, Pierre Brunet et Andrée Joly offrirent à la France sa première médaille d’or aux Jeux d’hiver. En outre, ils constituaient un couple harmonieux à la ville comme sur la glace. Les deux jeunes gens, qui dominaient les compétitions individuelles de patinage artistique en France dans les années 1920, se rencontrèrent au Palais des glaces à Paris ; ils décidèrent de disputer les épreuves par couple. Ainsi, alors qu’ils ne patinaient ensemble que depuis quelques mois seulement, ils obtinrent la médaille d’argent lors des premiers Jeux Olympiques d’hiver de Chamonix, en 1924. En 1928, donc, ils furent champions olympiques. Ils se marièrent en 1930, et obtinrent une nouvelle médaille d’or aux Jeux de Lake Placid, en 1932, s’imposant devant les Américains Sherwin Badger et Beatrix Loughran. Ils acquirent alors une notoriété internationale. Opposés au régime nazi, ils refusèrent de participer aux Jeux d’hiver de Garmisch-Partenkirchen en 1936. Ils passèrent alors professionnels et s’installèrent aux États-Unis en 1940. Notons qu’Andrée Joly brisa par ailleurs les conventions du patinage, en chaussant des patins noirs, comme son partenaire, au lieu des patins blancs traditionnellement réservés aux femmes.

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Gillis GRAFSTRÖM (1893-1938)

Patineur suédois

GRAFSTRÖM (2)Gillis Grafström s’est construit un immense palmarès olympique. Pourtant, il n’était guère attiré par la compétition : il était avant tout passionné par la précision artistique que nécessite le patinage, maîtrisant à la perfection l’exercice des figures imposées, et il ne participa qu’à trois reprises aux Championnats du monde (1922, 1924 et 1929), remportant à chaque fois la médaille d’or. Réputé pour son élégance naturelle, il fut aussi le premier patineur à maîtriser l’axel, et créa plusieurs pirouettes. En outre, sa carrière olympique débuta de manière curieuse : il obtint sa première médaille d’or aux Jeux Olympiques… d’été, à Anvers, en 1920 ; de plus, il dut patiner avec une vieille paire de patins, trop petite, car il avait cassé un de ses patins ! Lors des premiers Jeux Olympiques d’hiver, en 1924 à Chamonix, il fut de nouveau médaillé d’or, devançant de peu l’Autrichien Willy Böckl. Il s’imposa encore aux Jeux d’hiver Saint-Moritz, en 1928, malgré une inflammation au genou. Il participa une dernière fois aux Jeux Olympiques en 1932, à Lake Placid : à trente-huit ans, il obtint une médaille d’argent, battu par l’Autrichien Karl Schäfer. Par ailleurs, Gillis Grafström était peintre et poète, et il se constitua une impressionnante collection d’œuvres d’art et d’artefacts historiques liés au patinage.

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