George Seymour LYON (1858-1938)

Golfeur canadien

George Seymour Lyon fut un sportif éclectique. Il se distingua dans des disciplines telles que le saut à la perche, le base-ball et le cricket. Il ne se mit au golf qu’à l’âge de 38 ans, ce qui ne l’empêcha pas de briller. Ainsi, il remporta 8 fois le Championnat amateur canadien entre 1898 et 1914, puis 10 fois le Championnat canadien « seniors » entre 1918 et 1930. Il s’est aussi hissé en finale du Championnat amateur des États-Unis en 1906. Surtout, il remporta le tournoi de golf des Jeux Olympiques de Saint Louis, en 1904, ce qui constitue un réel exploit, puisqu’il domina 70 golfeurs américains ! George Seymour Lyon partit pour Londres, en 1908, afin de défendre son titre… Le tournoi devait se dérouler sur les parcours des Royal St. George’s Golf Club, Prince’s Golf Club et Cinqueports Golf Club. Mais, au dernier moment, un différend entre le Royal and Ancient Golf Club of St. Andrews et le Comité d’organisation des Jeux a provoqué le forfait tous les golfeurs britanniques. Faute de concurrents, le tournoi de golf fut annulé. À son arrivée à Londres, George Seymour Lyon fut informé de cette annulation. Malgré ce long voyage, il ne put défendre son titre… Quant au golf, il ne réintégrera le programme olympique qu’en 2016.

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Ralph ROSE (1885-1913)

Athlète américain

Ralph Rose, un colosse (2 m, 113 kg) d’origine irlandaise, fut un des meilleurs lanceurs de poids au début du XXe siècle. Il participa trois fois aux Jeux Olympiques, obtenant 6 médailles (dont 3 en or), établit en 1909 un record du monde du lancer du poids (15,54 m) qui allait tenir durant 16 ans. Il se trouva aussi, lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Londres en 1908 qui voyait le premier « défilé des nations », à l’origine d’une polémique… Ralph Rose débuta sur la scène olympique en 1904 à Saint Louis, et ce jeune colosse de 19 ans brilla. Il remporta la médaille d’or au lancer du poids, avec un jet de 14,81 mètres (il demeure le plus jeune champion olympique de lancer du poids de l’histoire). Lors du concours de lancer du disque, il obtint une médaille d’argent à l’issue d’un curieux scénario : tout comme son compatriote Martin Sheridan, il avait expédié l’engin à 39,28 mètres ; pour les départager, un « barrage » fut organisé et, lors de ce jet supplémentaire, Sheridan (38,97 m) fit mieux que Rose (36,74 m) et reçut la médaille d’or. Ralph Rose s’adjugea aussi la médaille de bronze au lancer du marteau et se classa sixième du « lancer de la pierre » de 25 kg.

En 1908, pour la cérémonie d’ouverture des Jeux de Londres, il fut désigné porte-drapeau de la délégation américaine, pour le premier défilé des nations. Or, faisant fi du protocole, il refusa de baisser le Stars and Stripes en passant devant le roi Édouard VII. Concernant cet affront, il aurait répondu à la demande de nombreux champions américains d’origine irlandaise. À ce sujet, son compatriote Martin Sheridan déclara : « Ce drapeau ne s’incline devant aucune puissance terrestre. » Il s’agit néanmoins de la version officielle, car la décision aurait peut-être été prise lors d’une soirée de libation entre « Baleines irlandaises » (surnom des lanceurs américains d’origine irlandaise). Toujours est-il que Ralph Rose remporta de nouveau le concours de lancer du poids (14,21 m).

En 1912, aux Jeux de Stockholm, il s’adjugea la médaille d’or dans le curieux concours de « lancer du poids des deux mains » (15,23 m de la main droite, 12,47 m de la main gauche, soit 27,70 m au total) et obtint la médaille d’argent dans le concours de lancer du poids classique (15,25 m), devancé par son compatriote Patrick McDonald (15,34 m), un autre membre du clan des « Baleines irlandaises ». Ralph Rose fut brutalement emporté par la typhoïde à 28 ans.

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La R.D.A. et les Jeux Olympiques

Présente aux Jeux Olympiques durant seulement 20 ans (1968-1988), la R.D.A. s’est à l’époque affirmée comme une grande puissance sportive mondiale. Ainsi, aux Jeux d’été, en cinq participations (1968, 1972, 1976, 1980, 1988), la R.D.A. a obtenu 409 médailles, dont 153 en or. En six éditions des Jeux d’hiver (1968-1988), la R.D.A. a remporté 110 médailles, dont 39 en or.

Comment expliquer qu’un tout petit pays ait pu rivaliser avec les États-Unis et l’U.R.S.S. aux Jeux ? Cette réussite – qui s’avérera une supercherie après la chute du Mur de Berlin en 1989 – s’appuyait sur une démarche parfaitement planifiée, laquelle résultait d’une volonté politique de reconnaissance internationale grâce à la vitrine olympique : « Le sport n’est pas un but en soi ; il est un moyen d’atteindre d’autres buts », déclara notamment Erich Honecker, président du Conseil d’État de la R.D.A. de 1976 à 1989.

Une politique sportive volontariste

Le modèle sportif est-allemand se distinguait par une structure organisationnelle originale. En effet, selon les pays, le sport tient ou ne tient pas une place importante dans le système éducatif, ce statut étant souvent issu de la tradition (Grande-Bretagne). Puis une élite se dégage de la masse de ces sportifs en herbe. En R.D.A., l’accès au sport était garanti à tous par la Constitution, comme « élément de la culture socialiste servant à l’épanouissement de la population ». Mais, parallèlement à ce sport de masse, un système de détection perfectionné permettait de « choisir » les enfants aux capacités prometteuses et de les « former » à la haute compétition dans de multiples centres d’entraînement, dès l’âge de dix ou onze ans, parfois plus tôt. Ainsi, les enfants se mesuraient lors de « Spartakiades d’arrondissement », ce qui permettait de recruter les meilleurs d’entre eux. Les archives de la Stasi indiquent que plus de 35 000 cadres et entraîneurs rémunérés travaillaient dans quelque 2 000 centres à la formation et à la « préparation » de futurs champions soumis à une sélection drastique. La dissociation totale entre pratique sportive de masse – de « loisir », dit-on en Occident – et « formation » plus que rigoureuse à la compétition de haut niveau explique la réussite olympique de la R.D.A., laquelle ne peut pas se résumer à la seule efficacité du dopage d’État.

Une difficile accession aux Jeux

Après la Seconde Guerre mondiale, le président du C.I.O. J. Sigfrid Edström souhaitait ardemment réunir l’ensemble du mouvement olympique, et il fit de cet objectif la priorité de son mandat. Ce rassemblement passait bien sûr par le retour aux Jeux des puissances vaincues de la Seconde Guerre mondiale, le dossier de l’Allemagne s’avérant le plus complexe. La partition de l’Allemagne, en 1949, a donné naissance à deux États : la République fédérale d’Allemagne (R.F.A.) et la République démocratique allemande (R.D.A.). Les deux pays devront attendre septembre 1973 pour intégrer l’Organisation des nations unies, mais la R.F.A. fut rapidement associée aux affaires du monde, alors que la R.D.A. demeurait considérée comme « zone soviétique » de l’Allemagne.

Après les Jeux de Londres (1948), deux Allemands retrouvèrent leur siège au C.I.O. : Karl Ritter von Halt, président du comité d’organisation des Jeux d’hiver de Garmisch-Partenkirchen en 1936 et proche collaborateur du Reichssportführer Hans von Tschammer und Osten, et le duc Adolphe-Frédéric de Mecklembourg ; les accointances des deux hommes avec les nazis ne semblèrent pas poser de problème au mouvement olympique… L’un et l’autre considéraient qu’ils ne représentaient que la R.F.A. Le Comité olympique ouest-allemand fut reconnu dès 1949 par le C.I.O. ; la R.F.A. fut conviée aux festivités olympiques dès 1952. La R.D.A. se dota également d’un comité olympique, mais celui-ci ne fut reconnu par le C.I.O. qu’en juin 1955, à titre provisoire, puis de manière définitive après les Jeux de Melbourne (1956).

Les deux comités olympiques allemands durent donc cohabiter, et ils furent contraints de présenter une équipe commune aux Jeux Olympiques de 1956 à 1964, laquelle défilait derrière le même drapeau – l’oriflamme traditionnelle aux bandes horizontales noire, jaune et rouge, agrémentée des anneaux olympiques –, alors que, en l’honneur des vainqueurs, on jouait l’Hymne à la joie de Beethoven et non pas les hymnes nationaux ouest-allemand ou est-allemand. La situation changea le 8 octobre 1965 : lors de sa session de Madrid, le C.I.O. accepta, malgré les réticences occidentales, que les deux Allemagnes présentent chacune leur propre équipe en 1968 aux Jeux de Grenoble et de Mexico. Dès lors, le maillot bleu nuit aux lisérés blancs siglé « DDR » va devenir un vêtement olympique à la mode. À partir de la fin de 1969, le chancelier ouest-allemand Willy Brandt mit en œuvre l’Ostpolitik, les deux pays se reconnurent mutuellement en décembre 1972. Ils intégrèrent l’O.N.U. le 18 septembre 1973. Le monde pouvait-il continuer d’ignorer la R.D.A., un pays dont les sportifs commençaient de squatter les podiums olympiques ?

Une fusée olympique à plusieurs étages

Dans l’esprit des dirigeants politiques de la R.D.A., participer aux Jeux ne signifiait nullement y faire de la figuration, mais bien remporter des médailles. Le pays s’appuyait certes depuis longtemps sur l’efficacité de son système de détection et de « préparation » des futurs champions, mais il développa aussi sa politique olympique selon deux axes forts : obtenir tout de suite des médailles en mettant d’abord l’accent sur les disciplines « secondaires » des Jeux, délaissées par les grandes puissances sportives, avant de s’attaquer aux sports phares des Jeux d’été (athlétisme et natation) ; présenter une délégation féminine redoutable, car le sport féminin ne constituait pas une priorité en Occident, ce qui laissait de nombreuses places potentielles sur les podiums.

Aux Jeux de Mexico, en 1968, la R.D.A. (9 médailles d’or, 25 médailles au total) se positionnait déjà à la cinquième place du classement des nations, devant la R.F.A., huitième (5 médailles d’or, 26 médailles au total). Pour les deux Allemagnes, les Jeux de Munich, en 1972, constituaient un rendez-vous essentiel : l’affrontement sportif devenait une question de suprématie locale. Le duel allemand vit une nette victoire de la R.D.A. (20 médailles d’or, 66 médailles au total), troisième place du bilan, alors que la R.F.A., « humiliée » par sa voisine sur son sol, n’était que quatrième (13 médailles d’or, 40 médailles au total). Walter Ulbricht, président du Conseil d’État de la R.D.A., se félicita des succès de ces « diplomates en survêtement »…

En 1976, aux Jeux de Montréal, la R.D.A. se classa deuxième au bilan des nations, derrière l’U.R.S.S., mais devant les États-Unis. La fusée olympique est-allemande avait déployé son deuxième étage et, son assise dans certains sports « annexes » étant établie, elle s’était s’attaqué aux disciplines reines des Jeux d’été : l’athlétisme et la natation. En athlétisme, grâce aux performances de son équipe féminine (9 médailles d’or sur 14 possibles, 19 médailles au total), elle occupait la première place (11 médailles d’or, 27 médailles au total). En natation, les gamines prises en main depuis une dizaine d’années arrivaient à « maturité », c’est-à-dire qu’elles étaient âgées de quinze à dix-huit ans : les nageuses est-allemandes aux larges épaules remportèrent 11 des 13 épreuves !

Le « projet » olympique est-allemand avait abouti ; le dernier étage de la fusée consistait à le pérenniser. Lors des caricaturaux Jeux de Moscou, en 1980, la R.D.A. obtint 47 médailles d’or et 126 médailles au total. En 1988, à Séoul, à l’occasion de Jeux débarrassés des boycottages ou presque, la R.D.A. s’adjugea 37 médailles d’or et 102 médailles au total ; comme à Montréal, elle se classa deuxième du bilan des nations, derrière l’U.R.S.S., mais devant les États-Unis.

La révélation d’une imposture

La chute du Mur de Berlin, en novembre 1989, ne signifia pas la mise au ban des sportifs est-allemands. Ceux-ci intégrèrent l’équipe de l’Allemagne unifiée qui participa aux Jeux en 1992, car le chancelier Helmut Kohl se prononça en faveur du maintien d’un sport de haut niveau en Allemagne.

Aux Jeux Olympiques d’hiver d’Albertville, la réunification allemande a permis un beau résultat : l’Allemagne occupait la première place du bilan, avec 10 médailles d’or et 26 médailles au total. Parmi les lauréats figuraient plusieurs champions et championnes naguère est-allemands : Uwe-Jens Mey, Gunda Niemann, Jacqueline Börner (patinage de vitesse), Stefan Krausse et Jan Behrendt (luge), Antje Harvey (biathlon), entre autres. Mais l’embellie ne dura que le temps d’un printemps. En effet, aux Jeux d’été de Barcelone, l’équipe de l’Allemagne unifiée connut un semi-revers : elle se classa certes troisième du bilan des nations, mais, avec 33 médailles d’or et 82 médailles au total, elle n’égalait pas le résultat de la seule R.D.A. en 1988 (37 médailles d’or, 102 médailles au total). En outre, c’est surtout le bilan médiocre de la délégation féminine qui interpellait : les Allemandes s’adjugèrent 20 médailles (dont 10 en or), alors que les Allemandes de l’Est avaient remporté 51 médailles (dont 20 en or) à Séoul ; en natation, une seule Allemande fut championne olympique (Dagmar Hase, issue de la R.D.A.), alors que les Allemandes de l’Est s’étaient adjugé 11 médailles d’or en 16 courses à Séoul !

En fait, seules deux championnes qui se distinguèrent sous le maillot de la R.D.A. continueront réellement d’enrichir leur palmarès sous les couleurs de l’Allemagne unifiée : Birgit Fischer (kayak) et Heike Drechsler (athlétisme).

La Stasi a détruit beaucoup de ses archives avant la chute du Mur, mais pas toutes. L’analyse des documents restants permettra de révéler toute la mécanique sportive est-allemande, instituée au mépris de l’éthique mais surtout de la santé des sportifs. « Médecins » et « scientifiques » avaient carte blanche pour élaborer les plus sophistiquées des techniques de dopage et contourner les contrôles. Plus de 10 000 sportifs ont subi ce dopage contraint. Des programmes dénommés « u.M » (unterstützende Mittel, « moyens de soutien ») planifiaient soigneusement le dopage, qui touchait chaque année 2 000 personnes, surtout les filles : toutes ces gamines absorbaient des pilules qualifiées de « vitamines » par leurs entraîneurs (il s’agissait le plus souvent de stéroïdes anabolisants et de produits androgènes qui entravaient leur maturation sexuelle, provoquaient une acné sévère et une altération de la voix). Avant toutes les grandes compétitions internationales, des tests antidopage « locaux » permettaient de s’assurer que les contrôles officiels donneraient un résultat négatif : en cas de doute, le sportif n’était pas inscrit pour la compétition…

Des procès eurent certes lieu : en 2000, les deux plus hauts responsables du sport est-allemand, Manfred Ewald, président de la Confédération des sports de la R.D.A. de 1963 à 1968 et président du Comité olympique est-allemand de 1973 à sa dissolution, et Manfred Höppner, directeur du Service de médecine sportive est-allemand, furent condamnés par un tribunal de Berlin pour « complicité de blessures corporelles » sur 142 jeunes athlètes est-allemandes. Leurs peines : 22 mois et 18 mois de prison respectivement, avec sursis. Un verdict bien clément au regard de milliers de vies brisées et de 20 années d’imposture olympique…

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30 ans de la chute du Mur de Berlin : les « champions » de la R.D.A.

La R.D.A. et les Jeux Olympiques, quelle histoire ! En effet, La R.D.A. participa aux Jeux Olympiques de 1968 à 1988, obtenant sur cette courte période d’incroyables résultats, fondés sur un système étatique de dopage forcé. En vingt ans, soit cinq participations (1968, 1972, 1976, 1980, 1988), la R.D.A. obtint aux Jeux d’été 153 médailles d’or et 409 médailles au total. Si on exclut les Jeux de Moscou (1980) et de Los Angeles (1984) dénaturés par les boycottages, la R.D.A. remporta, en quatre éditions des Jeux d’été, 106 médailles d’or et 283 médailles au total. À titre de comparaison, le bilan de la R.F.A. s’établit pour ces quatre éditions à 50 d’or et 170 médailles au total. La R.D.A. brilla également aux Jeux d’hiver : en six éditions des Jeux d’hiver (1968-1988), la R.D.A. glana 39 médailles d’or et 110 médailles au total. Dans le même temps, la Norvège, la nation la plus récompensée de l’histoire aux Jeux d’hiver, présentait un bilan de 15 médailles d’or et 67 médailles au total.

Durant ces vingt années, de multiples champions, mais surtout de nombreuses championnes, se sont distingués aux Jeux. Tous leurs exploits doivent bien sûr être regardés avec un œil critique, mais il est impossible de rayer d’un trait de plume ces noms de l’histoire olympique. La natation féminine fournit le plus gros bataillon de vedettes olympiques est-allemandes. Ainsi, Kornelia Ender remporta 8 médailles, dont 4 en or, aux Jeux (1972, 1976) ; en outre, son nom n’apparaît dans aucun document concernant le dopage d’État, ce qui constitue peut être sa vraie victoire. Andrea Pollack, spécialiste de la nage papillon, obtint 6 médailles, dont 3 en or (1976, 1980) ; Barbara Krause s’adjugea 3 médailles d’or aux Jeux de Moscou en 1980. Kristine Otto obtint 6 médailles d’or en 6 courses aux Jeux de Séoul en 1988. En athlétisme, trois sprinteuses marquèrent les Jeux de leur empreinte : Renate Stecher obtint 6 médailles, dont 3 en or (1972, 1976) ; Bärbel Wöckel remporta 4 médailles d’or (1976, 1980) ; Marlies Göhr s’adjugea 2 médailles d’or et 2 médailles d’argent en trois éditions des Jeux (1976, 1980, 1988) et devint en 1977 la première femme à courir le 100 mètres en moins de 11 secondes (10,88 s). Marita Koch ne s’adjugea que 2 médailles, car elle ne participa qu’à une seule édition des Jeux (1980), mais elle porta en 1985 le record du monde du 400 mètres à un niveau (47,60 s) que personne n’a pu approcher depuis lors. La lanceuse de poids Margitta Gummel décrocha l’or en 1968, l’argent en 1972. La gymnaste Karin Janz obtint 7 médailles, dont 2 en or (1968,1972). La patineuse de vitesse Karin Enke remporta 8 médailles, dont trois en or (1980, 1984, 1988). Quant à Christa Luding-Rothenburger, elle remporta 2 médailles d’or en patinage de vitesse (1984, 1988) et 1 médaille d’argent en cyclisme. La patineuse de vitesse Karin Enke remporta 8 médailles, dont 3 en or (1980, 1984, 1988).

Côté masculin, Roland Matthes fut le maître de la nage sur le dos durant près d’une décennie : il obtint 8 médailles, dont 4 en or, aux Jeux (1968, 1972, 1976). Citons aussi le marcheur Christoph Höhne (champion olympique en 1968), Waldemar Cierpinski, qui remporta deux fois le marathon (1976, 1980). Le kayakiste Rüdiger Helm s’adjugea 6 médailles, dont 3 en or (1976, 1980). Les frères Bernd et Jörg Landvoigt obtinrent 2 médailles d’or en aviron. Le pilote Meinhard Nehmer obtint 3 médailles d’or et 1 médaille d’argent en bobsleigh (1976, 1980), alors qu’Ulrich Wehling réussit l’exploit de remporter 3 fois consécutivement le combiné nordique (1972, 1976, 1980).

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Quelques précisions sur le credo olympique

La pensée de Coubertin mal interprétée

Le début des compétitions d’athlétisme des Jeux de Rio, en 2016, voit des concurrents venus de pays exotiques réaliser des performances très méritoires pour eux-mêmes, mais plus que médiocres dans l’absolu. Certains commentateurs rendent un juste hommage à Eitmoni Timuani, de Tuvalu, qui court le 100 mètres en 11,81 s, ou à la Somalienne Maryan Muse, qui réalise 1 min 10,14 s sur 400 mètres. À chaque fois, ils citent la phrase prétendument de Coubertin, le credo olympique: «L’important c’est de participer.»

Quelques précisions s’imposent. Déjà, le credo olympique n’a pas été inventé par Coubertin, mais par Mgr Talbot, évêque anglican de Pennsylvanie, à l’occasion des Jeux de Londres en 1908. Lors de ces Jeux, la rivalité entre Américains et Britanniques conduisait à de nombreux dérapages, et il voulut ramener tout le monde à la raison. Coubertin reprit une partie de ce sermon pour en faire le credo olympique. En revanche, pour Coubertin, ce credo ne signifiait pas que le commun des mortels pouvait prendre part aux Jeux. En effet, Coubertin ne fut jamais partisan d’ouvrir les Jeux à des champions de second rang: pour lui, seuls les athlètes qu’il qualifiait de «première classe» avaient leur place aux Jeux. Il adopta le credo pour tenter de lutter contre les nationalismes et le chauvinisme ainsi que pour glorifier le chevaleresque combat sportif: «Belle est la victoire, plus belle est la noble lutte» est une maxime qui résume mieux la pensée du baron que le credo olympique.

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La devise olympique fut inventée par un père dominicain

Citius, Altius, Fortius, mon père

1920Didon2On connaît la devise olympique : Citius, Altius, Fortius (« plus vite, plus haut, plus fort »). On pense souvent que cette devise fut créée par Pierre de Coubertin. Continuer la lecture de « La devise olympique fut inventée par un père dominicain »

Dionysios KASDAGLIS (1872-1931)

Tennisman grec

Dionysios Kasdaglis est un olympien mystérieux. On sait qu’il fut vice-champion olympique, en simple comme en double (associé à Dimitrios Petrokokkinos), en 1896 à Athènes. Mais on n’est pas certain qu’il fût réellement grec. En effet, il est issu d’une famille russe et il est né dans le Lancashire, en Angleterre. Pour le simple, le C.I.O. le considère comme grec. Pour le double, il est considéré comme représentant d’une « équipe mixte », car, pour le C.I.O., Dimitrios Petrokokkinos n’a pas de « nationalité connue ». L’état civil de Dionysios Kasdaglis est lui aussi discuté : selon certaines sources récentes, son identité serait Dimitrios E. Kasdaglis (parfois transcrit Casdagli). Le doute plane, d’autant que son frère cadet, Xenophon Kasdaglis, bien enregistré comme britannique, avait remporté le tournoi de double du Championnat de France en 1895. Toujours est-il que Dionysios Kasdaglis a été battu en finale par John Pius Boland, un nationaliste irlandais qui représentait… la Grande-Bretagne !

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John JARVIS (1872-1933)

Nageur britannique

John Jarvis, membre du Leicester Swimming Club, brilla dans les épreuves de natation, mais aussi de plongeon et de water-polo, au début du XXe siècle. En outre, il fit progresser le style de la nage libre, développant avec le nageur professionnel Joey Nuttall un mouvement de jambe spécifique, le Jarvis-Nuttall-Kick. Aux Jeux Olympiques de Paris, en 1900, il remporta d’abord le 1 000 mètres, avec plus d’une minute d’avance sur l’Autrichien Otto Wahle. Puis il gagna le 4 000 mètres réservé aux « amateurs », avec près de 10 minutes d’avance sur le Hongrois Zoltán von Halmay – une épreuve qui se disputa dans la Seine, au milieu de la circulation fluviale.

John Jarvis ne prit pas part aux Jeux Olympiques de Saint Louis, en 1904, en raison du coût trop élevé du voyage. En revanche, en 1906, il participa aux Jeux intercalaires d’Athènes, où il s’adjugea 3 médailles (argent sur le mile, derrière son compatriote Henry Taylor ; bronze sur 400 mètres et dans le relais 4 fois 250 mètres). Hélas ! le C.I.O. décidera bien plus tard de ne pas reconnaître ces Jeux intercalaires, privant John Jarvis, mort depuis longtemps, de trois médailles.

Bien qu’il ne fût pas « professionnel », John Jarvis était presque un nageur à plein temps. Il aurait, selon certaines sources, remporté plus de 100 « championnats du monde » officieux ; on sait qu’il gagna 28 titres britanniques dont un, en 1904, en plongeon. Il fut aussi un maître du « plongeon en longueur », une discipline très populaire à l’époque, qui consistait, après un saut de l’ange, à rester longtemps sans mouvement sous l’eau ; après une minute, la distance était mesurée (Jarvis aurait remporté un championnat, avec 22,98 m). John Jarvis, qui, dès 1902, s’était penché sur la théorie des différents styles de nage dans son livre The Art of Swimming, fut nommé professeur. Par ailleurs, il participa activement à la formation au sauvetage, enseignant les différentes techniques de sauvetage à l’occasion des compétitions de natation.

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Des « olympiades populaires » pour contrer les Jeux nazis en 1936

Jeux alternatifs tués dans l’œuf…

1936olymp-populaireAlors que les Jeux Olympiques de 1936 allaient glorifier le régime nazi, le mouvement ouvrier international eut l’idée d’organiser des Jeux alternatifs, sortes de contre-Jeux Olympiques: les «olympiades populaires». Continuer la lecture de « Des « olympiades populaires » pour contrer les Jeux nazis en 1936 »

Roland MATTHES (1950-2019)

Nageur est-allemand

La natation a rapporté à la R.D.A. de multiples médailles d’or olympiques, surtout dans les compétitions féminines, « grâce » au dopage d’État. Néanmoins, les premières médailles d’or est-allemandes furent obtenues par un homme, Roland Matthes, spécialiste de la nage sur le dos. En outre, il construisit sa carrière avant la mise en œuvre du programme étatique de dopage. Roland Matthes fut ainsi un des rares champions, à la fin des années 1960 et au début des années 1970, à contester l’hégémonie des Américains en natation.

Recordman du monde du 100 mètres dos dès 1967 (58,4 s), il remporta, en 1968 à Mexico, le titre olympique sur 100 mètres dos (58,7 s), devant les Américains Charles Hickcox et Ronald Mills, et sur 200 mètres dos (2 min 9,6 s), devant les Américains Mitchell Ivey et Jack Horsley ; il obtint également la médaille d’argent avec le relais 4 fois 100 mètres 4 nages est-allemand. En 1972, aux Jeux de Munich, il récidiva, obtenant de nouveau la médaille d’or sur 100 mètres dos (56,58 s), devant les Américains Michael Stamm et John Murphy, et sur 200 mètres dos (2 min 2,82 s), devant les Américains Michael Stamm et Mitchell Ivey ; il fut aussi médaillé d’argent avec le relais 4 fois 100 mètres 4 nages et médaillé de bronze avec le relais 4 fois 100 mètres. En 1973, lors des premiers Championnats du monde à Belgrade, il remporta les 100 et 200 mètres dos, ajoutant la médaille d’argent avec le relais 4 fois 100 mètres 4 nages et la médaille de bronze avec le relais 4 fois 100 mètres. Vainqueur du 100 mètres dos aux Championnats du monde de Cali, en 1975, il obtint encore la médaille de bronze sur 100 mètres dos aux Jeux Olympiques de Montréal, en 1976, s’effaçant derrière le nouveau roi de la spécialité, John Naber. Invaincu de 1967 à 1974, Roland Matthes fut également cinq fois champion d’Europe et a battu seize records du monde.

De 1976 à 1982, il fut marié à Kornelia Ender, figure de proue de la natation est-allemande et mondiale. En 1981, il fut intronisé à l’International Swimming Hall of Fame. En outre, comme s’il fallait définitivement prouver que Roland Matthes avait construit sa carrière de manière « propre », sans dopage, il devint en 2006 le premier sportif issu de la R.D.A. admis au Hall of Fame des deutschen Sports (Temple de la renommée du sport allemand) – il demeure le seul.

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