Dieu n’a-t-il pas mieux à faire…
Dieu et ses représentants sont omniprésents dans l’histoire olympique. Si les Jeux de la Grèce antique célébraient Zeus Olympien, on pourrait penser que les Jeux Olympiques modernes sont dédiés au Dieu monothéiste des chrétiens, des juifs ou des musulmans.
Déjà, la devise olympique (Citius, Altius, Fortius) fut inventée par un ecclésiastique, le père dominicain Henri Didon. Et le credo olympique («L’important, c’est de participer…») est dû à un autre ecclésiastique, Mgr Ethelbert Talbot, évêque de Pennsylvanie. Quant au serment olympique, dans sa version initiale (1920), il avait une forte connotation religieuse, puisqu’il comportait le terme «jurer» (ce mot sera remplacé par «promettre» en 1964).
Souvent, une messe précéda l’ouverture des Jeux. Par exemple, un des moments forts des Jeux Olympiques d’Anvers, en 1920, fut le service religieux donné par l’archevêque de Malines, marqué par un De profundis en mémoire des athlètes morts pour la patrie durant la Grande Guerre, suivi d’un Te Deum à la gloire des Alliés.
Le jour du Seigneur coûta sans doute une médaille d’or à quelques champions. Ainsi, aux Jeux de Paris en 1900, l’Américain Meyer Prinstein, étudiant à l’université de Syracuse, en tête après le concours de qualification du saut en longueur, ne fut pas autorisé à participer à la finale par cette université, car celle-ci se déroulait un dimanche… et son compatriote Alvin Kraenzlein lui chipa la victoire, provoquant sa colère. Aux Jeux de Paris en 1924, la finale du 100 mètres avait lieu un dimanche. Aussi, le Britannique Eric Liddle, profondément croyant, décida de s’abstenir et de participer au 400 mètres, qu’il remporta. Son histoire a été magnifiée par le film Les Chariots de feu, de Hugh Hudson. Plus cocasse, aux Jeux de Londres, en 1908, l’athlète américain Forrest Smithson, étudiant en théologie, vainqueur du 110 mètres haies, effectua de nouveau le parcours en tenant une bible à la main.
Désormais, le départ d’un 100 mètres ressemble à l’ouverture d’une procession… Chacun manipule une petite croix qu’il porte au cou. Puis tous ces champions se signent, cherchant à s’attirer les bonnes grâces du Seigneur.
Mais, dans ce monde difficile, Dieu n’aurait-il pas mieux à faire que de s’occuper de choses sportives… Sans aucun doute. Repensons à ce cycliste mexicain, qui, aux Jeux de Barcelone en 1992, fit plusieurs fois le signe de croix avant de prendre le départ de l’épreuve du kilomètre contre la montre… et chuta en s’élançant. Dieu, agacé qu’on le sollicitât pour de futiles raisons se serait-il fâché et amusé? Qui sait…
©Pierre LAGRUE
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