Margitta GUMMEL (1941- )

Athlète est-allemande

En athlétisme, la R.D.A. a remporté de nombreuses médailles d’or olympiques, le plus souvent dans les compétitions féminines, et plus particulièrement dans les concours de lancer. Il était donc logique que, dans cette discipline, la première médaille d’or de la R.D.A. fût obtenue par une lanceuse de poids, en l’occurrence Margitta Gummel, championne olympique en 1968 à Mexico, dans un concours où elle battit par deux fois le record du monde (19,07 m, devenant la première femme à franchir la barrière des 19 mètres, puis 19,61 m), devant une autre Allemande de l’Est, Marita Lange (18,78 m), et sa grande rivale, la Soviétique Nadezhda Chizhova (18,19 m).

Médaillée d’argent aux Championnats d’Europe en 1966 et en 1969, de bronze en 1971 (trois concours remportés par Nadezhda Chizhova), Margitta Gummel fut encore médaillée d’argent aux Jeux Olympiques de Munich, en 1972 (20,22 m), nettement battue par Nadezhda Chizhova (21,03 m). Elle mit alors fin à sa carrière sportive.

On apprendra par la suite que Margitta Gummel fut une des premières athlètes est-allemandes à subir des injections d’hormones mâles, dans le cadre du programme de dopage d’État de la R.D.A. : ainsi, elle améliora son record personnel de près de 2 mètres pour conquérir son titre olympique (17,69 m en 1967 ; 19,61 m en 1968). Soulignons que les « médecins » est-allemands jugèrent que cette progression était « hors norme » : ils décidèrent qu’il était préférable de soumettre les sportifs à de petites « cures » d’anabolisants, entrecoupées de séances entraînement, plutôt que d’administrer une forte dose, comme ce fut le cas pour Margitta Gummel. Indiquons enfin que Margitta Gummel, membre du Comité olympique est-allemand puis du Comité olympique de l’Allemagne réunifiée jusqu’en 1993, se prononça fermement contre le dopage en 1991. Pourtant, les archives de la Stasi prouvèrent que ses performances exceptionnelles étaient dues au dopage.

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Frank JARVIS (1878-1933)

Athlète américain

Quand il se présenta pour participer au 100 mètres des Jeux Olympiques de Paris, en 1900, Frank Jarvis n’était pas considéré comme un des meilleurs sprinters de son temps, et le grand favori était son compatriote Arthur Duffey, invaincu depuis deux ans. Pourtant, en demi-finale, sur la piste en herbe de la Croix-Catalan, il égala le record du monde du 100 mètres (10,8 s) ; mais les comptes-rendus de l’époque indiquaient que cette performance était largement due la clémence du starter français, qui aurait ignoré un faux départ. En finale, comme prévu, Arthur Duffey partit en trombe, fila vers la victoire quand… il fut foudroyé par un claquage et contraint à l’abandon. Frank Jarvis s’imposa donc (11 s), devant son compatriote Walter Tewksbury et l’Australien Stanley Rowley. Diplômé en droit de l’université de Pittsburgh, Frank Jarvis exerça le métier d’avocat. Détail amusant : il était un lointain descendant de George Washington.

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Charles BENNETT (1870-1949)

Athlète britannique

Conducteur de train à la gare centrale de Bournemouth, surnommé « The Shapwick Express », Charles Bennett remporta plusieurs titres dans les courses de fond et de cross-country à la fin des années 1890. Aux Jeux Olympiques de Paris, en 1900, Charles Bennett gagna le 1 500 mètres, causant la surprise, et ce pour deux raisons : d’une part, le meilleur miler de l’époque, l’Américain John Cregan, ne participait pas à l’épreuve car elle se disputait le jour du Seigneur ; d’autre part, le favori était le Français Henri Deloge, détenteur du record du monde du 1 000 mètres et encouragé par le public. Néanmoins, Charles Bennett l’emporta, devançant Henri Deloge de 2 mètres. Durant ces Jeux, il remporta également le 5 000 mètres par équipes, au sein d’une formation « mixte » composée d’athlètes britanniques et australiens, et il se classa deuxième 4 000 mètres steeple, derrière son compatriote John Rimmer.

Quelques semaines après les Jeux, Charles Bennett affronta son compatriote Alfred Tysoe, champion olympique du 800 mètres la même année, dans une de ces réunions montées de toutes pièces et fort prisées à l’époque, sur une distance de 1 000 mètres, le duel devant déterminer qui était le meilleur coureur britannique de demi-fond. Alfred Tysoe l’emporta. Pour nombre d’historiens du sport, Charles Bennett, demeuré méconnu, n’a sans doute pas été considéré à sa juste valeur ; il fut pourtant le premier athlète britannique double médaillé d’or lors d’une seule édition des Jeux.

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Irving BAXTER (1876-1957)

Athlète américain

Irving Baxter brilla aux Jeux Olympiques de Paris, en 1900, où il obtint 2 médailles d’or et 3 médailles d’argent. Il remporta notamment 2 médailles d’or le même jour, dans des circonstances très particulières sur le terrain de la Croix-Catelan. En effet, le 15 juillet, il gagna le concours de saut en hauteur (1,90 m) ; il décida alors de tenter de battre le record du monde : or la foule se pressa autour de lui pour l’admirer, mais, avec la présence de tous ces spectateurs au bord du sautoir, il ne pouvait pas prendra son élan et… renonça à son pari. Juste après se déroulait le concours de saut à la perche, pour lequel il n’était pas inscrit. Or, entre un changement de programme, le fait que le concours se déroulât le jour du Seigneur, les meilleurs concurrents américains (Charles Dvorak, Daniel Horton et Bascom Johnson) ne se trouvaient pas sur le terrain de la Croix-Catelan. En toute hâte, Irving Baxter se dirigea vers le sautoir et, avec une performance très modeste (3,30 m), il devint champion olympique de saut à la perche ! Le lendemain, il termina à la seconde place dans les trois concours de sauts sans élan, tous remportés par son compatriote Ray Ewry.

La légende dit qu’Irving Baxter se trouva encore au cœur d’une polémique lors du concours de saut à la perche du Championnat de Grande-Bretagne en 1901 : il avait oublié sa perche ; or comme le seul autre concurrent de ce concours refusait de lui en prêter une, il déracina un mât et participa à l’épreuve avec cet engin de fortune. Diplômé de l’université de Pennsylvanie, Irving Baxter fut admis au barreau de l’État de New York et exerça la profession d’avocat puis de juge.

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Kathrin NEIMKE (1966- )

Athlète allemande

Kathrin Neimke fut une des meilleures lanceuses de poids à la fin des années 1980 et dans les années 1990. Elle a remporté deux médailles aux Championnats du monde (argent en 1987, bronze en 1993). Aux Jeux Olympiques, elle a également obtenu deux médailles. La première mérite qu’on la mentionne : le 1er octobre 1988, à Séoul, elle s’adjugea la médaille d’argent (21,07 m), loin derrière la Soviétique Natalia Lisovskaya (22,24 m) ; en effet, il s’agit de la dernière des multiples médailles récoltées par la délégation féminine est-allemande en athlétisme. Pour cette médaille d’argent, elle reçut une autre médaille, celle du Vaterländischer Verdienstorden (Ordre du mérite patriotique) de la R.D.A, créé en 1954. En 1992, aux Jeux de Barcelone, elle obtint la médaille de bronze (19,78 m). Kathrin Neimke fut également championne du monde en salle en 1995 (19,40 m) et participa une dernière fois aux Jeux Olympiques, en 1996 à Atlanta, se classant septième (18,92 m) du concours remporté par sa compatriote Astrid Kumbernuss (20,56 m), elle aussi formée dans sa jeunesse en R.D.A. Après la réunification allemande, Kathrin Neimke avait rejoint la police anti-émeute de Saxe-Anhalt : nul doute que son gabarit décourageait les éventuels émeutiers !

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Paul MASSON (1876-1945)

Cycliste français

Aujourd’hui, Paul Masson serait célébré comme une star, car remporter 3 médailles d’or au cours de la même édition des Jeux Olympiques constitue une performance exceptionnelle. Mais Paul Masson réalisa cet exploit en 1896, aux Jeux d’Athènes, et seuls les férus de sport en eurent connaissance à l’époque. Mieux, sur la piste du vélodrome du Phalère, il remporta les trois épreuves le même jour ! Paul Masson gagna d’abord l’épreuve de vitesse (6 tours de piste), devant le Grec Stamatios Nikolopoulos et son compatriote Léon Flameng. Puis il s’imposa dans le 10 kilomètres (30 tours de piste), devant Léon Flameng, battu pour quelques centimètres (aujourd’hui, il faudrait la photo-finish pour les départager, mais ce procédé était bien sûr inconnu à l’époque), et l’Autrichien Adolf Schmal. Enfin, il remporta le tour de piste (333 m) contre la montre, s’imposant en 24 s, devant Stamatios Nikolopoulos (25,2 s) et Adolf Schmal (26 s). Bien qu’il eût battu plusieurs concurrents grecs, le public l’applaudit chaudement pour ses exploits.

Par la suite, il disputa quelques courses chez les professionnels, sous le pseudonyme de Nossam, sans doute afin de ne pas risquer de perdre ses médailles, car les Jeux étaient bien sûr ouverts aux seuls purs amateurs. Néanmoins, il n’a guère brillé, sa seule performance notable étant une troisième place aux Championnats du monde de vitesse en 1897.

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Martina HELLMANN (1960- )

Athlète est-allemande

Martina Hellmann fut une des meilleures lanceuses de disque durant les années 1980. Elle remporta notamment la médaille d’or à l’occasion des deux premières éditions des Championnats du monde d’athlétisme, en 1983 à Helsinki (68,94 m) et en 1987 à Rome (71,62 m). Privée des Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984 pour cause de boycottage décrété par le Kremlin, elle était bien présente quatre ans plus tard à Séoul : le 29 septembre 1988, grâce à un jet de 72,30 mètres, il devint championne olympique. Martina Hellmann mérite une mention particulière, car cette médaille d’or est la dernière des 38 médailles d’or récoltées en athlétisme par la R.D.A. dans son histoire olympique. Pour cette médaille, elle reçut une autre médaille, la médaille d’or du Vaterländischer Verdienstorden (Ordre du mérite patriotique) de la R.D.A, créé en 1954.

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Heike FRIEDRICH (1970- )

Nageuse est-allemande

Heike Friedrich s’est construit un magnifique palmarès dans les années 1980, remportant notamment quatre médailles d’or aux Championnats du monde en 1986, quatre médailles d’or aux Championnats d’Europe en 1987, deux médailles d’or et une médaille d’argent aux Championnats d’Europe en 1989. Mais si Heike Friedrich mérite mention, c’est parce qu’elle symbolise la politique sportive de la R.D.A., fondée sur le dopage d’État, qui a permis à ce petit pays d’accumuler les médailles d’or, notamment dans les compétitions féminines, et plus particulièrement en natation. Ainsi, aux Jeux Olympiques de Séoul, Heike Friedrich remporta le 200 mètres nage libre. En 1991, juste après la réunification allemande, elle a pris sa retraite à l’âge de 21 ans. L’analyse des archives de la Stasi prouva, malgré les dénégations de la nageuse, que Heike Friedrich fut bien soumise au programme étatique de dopage ; il fut ainsi prouvé, en 1998-2000, que Heike Friedrich avait pris des substances illégales améliorant la performance lors des Championnats d’Europe de 1989 (ses taux de testostérone correspondaient aux valeurs masculines normales).

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Lucien MÉRIGNAC (1873-1941)

Escrimeur français

Lucien Mérignac est issu d’une lignée d’escrimeurs : son père, Louis, surnommé le « Grand Patron », possédait une célèbre salle d’escrime rue Joubert à Paris ; son oncle, Émile, était un historien de l’escrime (il publia notamment Histoire de l’escrime dans tous les temps et dans tous les pays). Il est donc logique qu’il devînt lui-même escrimeur et maître d’armes. Vainqueur de plusieurs grand tournois internationaux à la fin des années 1890, Lucien Mérignac participa aux Jeux Olympiques de Paris, en 1900, malgré sa qualité de maître d’armes : en effet, durant ces Jeux, au grand dam de Pierre de Coubertin, des sportifs « professionnels » furent autorisés à concourir. En escrime, il y avait donc deux catégories : amateurs et maîtres d’armes. Dans la compétition de fleuret, Lucien Mérignac remporta l’épreuve réservée aux maîtres d’armes, en battant son compatriote Alphonse Kirchhoffer en finale. Il y gagna aussi un surnom, en référence à son père : le « Petit Patron ».

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Josefa IDEM (1964- )

Kayakiste et femme politique italienne

Josefa Idem, née en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, est beaucoup plus connue sous son nom de femme mariée, Josefa Guerrini, et pour son rôle dans la vie politique italienne que pour son palmarès sportif.

En effet, elle fut élue sénatrice du Parti démocrate en 2013, puis nommée ministre de à l’Égalité des chances et du Sport. Elle quitta ce poste rapidement, à la suite d’une affaire d’évasion fiscale. On oublie qu’elle participa huit fois aux Jeux Olympiques, où elle obtint cinq médailles, dont une en or en 2000 à Sydney

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