Martin SHERIDAN (1881-1918)

Athlète américain

Américain d’origine irlandaise, Martin Sheridan, installé aux États-Unis en 1897, où il exerce le métier de policier tout en menant une carrière sportive, compte à son palmarès trois titres olympiques, mais sa collection de médailles olympiques serait encore plus fournie si le Comité international olympique avait reconnu les « Jeux intercalaires » d’Athènes de 1906, où il en remporta cinq. Aux Jeux Olympiques de Saint Louis en 1904, le concours de lancer du disque donne lieu à un duel serré : Martin Sheridan et son compatriote Ralph Rose réussissent tous les deux un lancer de 39,28 mètres ; un jet supplémentaire est donc nécessaire pour les départager ; Sheridan envoie l’engin à 38,97 mètres, Rose à 36,74 mètres ; Sheridan obtient donc la médaille d’or. En 1906, aux « Jeux intercalaires » d’Athènes, Martin Sheridan multiplie les exploits : il remporte la médaille d’or au lancer du poids et au lancer du disque, la médaille d’argent dans les concours de sauts sans élan (longueur et hauteur), ainsi qu’au lancer de pierre.

En 1908, Martin Sheridan est de nouveau présent au rendez-vous olympique à Londres, où il se trouve à l’origine d’une tradition américaine désormais bien ancrée : ne jamais incliner la bannière étoilée devant quiconque. Pour la première fois, un défilé des nations est organisé pour marquer la cérémonie d’ouverture des Jeux. Or Sheridan convainc Ralph Rose, porte-drapeau de la délégation des États-Unis, de laisser flotter haut le Stars and Stripes en passant devant le roi Édouard VII, ce qui est contraire au protocole. Il existe deux versions de la genèse de l’incident. Selon la première, Martin Sheridan, fier de son sang irlandais et qui n’avait besoin d’aucun prétexte pour défier les Britanniques, aurait alors prononcé des paroles devenues célèbres : « Ce drapeau ne s’incline devant aucun monarque terrestre. » Selon la seconde, plus vraisemblable, la décision de laisser flotter haut l’oriflamme fut prise la veille de la cérémonie lors de quelque libation entre lanceurs irlando-américains… Durant ces Jeux de 1908, Sheridan remporte la médaille d’or dans le concours de lancer du disque (40,89 m) et dans l’épreuve de lancer du disque « style grec », la médaille de bronze dans la compétition de saut en longueur sans élan. Après les Jeux de Londres, il fait escale en Irlande, afin de retrouver ses racines. Il se produit dans diverses réunions et se voit fêté comme un héros local. Martin Sheridan décède des suites de la grippe espagnole.

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Viorica VISCOPOLEANU (1939- )

Athlète roumaine

VISCOPOLE (2)Un seul bond a permis à la sauteuse en longueur Viorica Viscopoleanu d’entrer dans l’histoire du sport : aux Jeux Olympiques de Mexico, dès son premier essai, elle atteignit 6,82 mètres, améliorant ainsi le record du monde de la Britannique Mary Rand (6,76 m) et remportant la médaille d’or. Curieusement, malgré une longue carrière qui la vit participer trois fois aux Jeux Olympiques comme aux Championnats d’Europe, Viorica Viscopoleanu ne s’adjugea qu’une seule autre médaille : l’argent aux Championnats d’Europe d’Athènes en 1969. Elle remporta néanmoins la médaille d’or aux premiers Championnats d’Europe en salle, en 1970, devançant l’Allemande de l’Ouest Heide Rosendahl, qui allait bientôt… battre son record du monde puis, en 1972 à Munich, lui succéder au palmarès olympique.

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Ralph DOUBELL (1945- )

Athlète australien

DOUBELL (2)Ralph Doubell connut une carrière éclair, ce qui ne l’empêcha pas d’obtenir une médaille d’or olympique, en remportant le 800 mètres aux Jeux de Mexico, en 1968. Diplômé de l’université de Melbourne, Ralph Doubell remporta sa première grande compétition en 1967, en gagnant le 800 mètres de l’Universiade de Tokyo. Personne ne pensait à lui pour le titre aux Jeux de Mexico. Or Ralph Doubell, déjouant les pronostics et malgré les difficultés liées à l’altitude, parvint à remporter le 800 mètres en débordant sur le fil le Kenyan Wilson Kiprugut ; couvrant la distance en 1 min 44,3 s, il égalait le record du monde du Néo-Zélandais Peter Snell. L’année suivante, il remporta le 800 mètres des Pacific Conference Games. Il espérait prendre part aux Jeux de Munich, en 1972, mais renonça en raison de plusieurs blessures. Sa carrière éclair avait pris fin.

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Randy MATSON (1945- )

Athlète américain

MATSON (2)Randy Matson fut, en 1965, le premier lanceur de poids à dépasser les 21 mètres (21,52 m), améliorant le record du monde de près de 1 mètre. En 1967, il porta le record du monde à 21,78 mètres, une performance exceptionnelle (les meilleurs de ses rivaux dépassaient tout juste les 20 mètres) qui lui aurait permis de figurer sur les podiums olympiques dans les années 2000 !

Encore junior, Randy Matson obtint la médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Tokyo, en 1964, devancé par son compatriote Dallas Long. En 1968, aux Jeux Olympiques de Mexico, il s’adjugea la médaille d’or (20,54 m), devant son compatriote George Woods et le Soviétique Edouard Guchine. Cinq fois champion des États-Unis au lancer du poids, Randy Matson était aussi un bon lanceur de disque : en 1967, avec un jet de 65,16 mètres, il approcha le record du monde du Tchécoslovaque Ludvik Danek (65,22 m). Randy Matson tenta de se qualifier pour les Jeux de Munich, en 1972, sans réussite. Il prit alors sa retraite sportive.

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Lennox MILLER (1946-2004)

Athlète jamaïquain

MILLER-Lennox (2)Lennox Miller fut le premier grand sprinter jamaïquain. Ainsi, sur 100 mètres, il obtint la médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Mexico, puis la médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Munich. Lennox Miller, installé aux États-Unis, représentait l’Université de Californie du Sud, où il obtint un diplôme en psychologie. Diplômé de l’école de médecine dentaire, il exerça la profession de dentiste à Pasadena durant 30 ans.

Par la suite, il devint entraîneur à l’Université de Californie du Sud, où il préparait notamment sa fille, Inger Miller, qui, avec l’équipe des États-Unis, obtint la médaille d’or dans le relais 4 fois 100 mètres aux Jeux Olympiques d’Atlanta, en 1996. Lennox et Inger Miller furent le premier couple père-fille à remporter des médailles olympiques en athlétisme.

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Charles GREENE (1945- )

Athlète américain

GREENE (3)Charles Greene fut un des meilleurs sprinters durant les années 1960 et un sympathisant du Black Power. Ainsi, le 20 juin 1968, à Sacramento (Californie), Charles Greene, tout comme ses compatriotes Jim Hines et Ronnie Ray Smith, courut le 100 mètres 9,9 s (chronométrage manuel, le chronométrage électronique indiquait 10,09 s), établissant un record du monde historique.

Aux Jeux Olympiques de Mexico, en 1968, il ne put donner sa pleine mesure en finale du 100 mètres, en raison d’une légère blessure : il se classa néanmoins troisième de la course remportée par son compatriote Jim Hines. En descendant du podium, il se coiffa d’un béret noir, symbole du Black Power, pour protester contre la ségrégation raciale aux États-Unis. Durant ces Jeux de Mexico, il s’adjugea la médaille d’or dans le relais 4 fois 100 mètres, associé à Jim Hines, Ronnie Ray Smith et Mel Pender (38,24 s, record du monde).

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Jim HINES (1946- )

Athlète américain

HINESCertains champions marquent l’histoire de leur sport en « cassant » une barrière chronométrique. C’est le cas de Jim Hines, qui fut le premier homme à courir le 100 mètres en moins de 10 secondes.

Après s’être essayé au base-ball dans sa jeunesse, Jim Hines se consacra rapidement à l’athlétisme. En 1967, il voulait signer un contrat professionnel avec l’équipe de football américain des Miami Dolphins. Son entraîneur, l’ancien sprinter Bobby Morrow, le persuada de différer sa décision, car il pensait que Jim Hines pouvait devenir le premier homme à courir le 100 mètres en moins de 10 secondes et conquérir la médaille d’or aux Jeux de Mexico. Jim Hines l’écouta. Le 20 juin 1968, à Sacramento (Californie), au cours d’une folle soirée qui vit plusieurs athlètes, dont le Français Roger Bambuck, égaler le record du monde du 100 mètres (10 s), Jim Hines devint en effet le premier homme à courir la distance reine de l’athlétisme en moins de 10 secondes (9,9 s, chronométrage manuel). Ce jour-là, ses compatriotes Ronnie Ray Smith et Charles Greene réalisèrent la même performance. Néanmoins, le chronométrage électronique, qui était utilisé mais ne servait pas à donner le temps « officiel », indiquait 10,03 s pour Hines, 10,09 s pour Greene et 10,13 s pour Smith.

Jim Hines entra véritablement dans l’histoire de l’athlétisme le 14 octobre 1968, à Mexico, lors d’une finale olympique du 100 mètres où, pour la première fois, tous les participants étaient noirs. Jim Hines s’imposa en 9,95 s (chronométrage électrique), devant le Jamaïquain Lennox Miller (10,04 s) et Charles Greene (10,07 s). Ce record du monde ne sera amélioré qu’en 1983 par l’Américain Calvin Smith (9,93 s). À Mexico, Jim Hines fut également champion olympique du relais 4 fois 100 mètres, associé à Charles Greene, Ronnie Ray Smith et Mel Pender (38,24 s, record du monde). Notons que Jim Hines, qui n’épousait pas les thèses du Black Power, ne manifesta sur les podiums.

À l’issue des Jeux de Mexico, Jim Hines signa donc un contrat professionnel de football américain avec les Miami Dolphins et mit ainsi un terme prématuré à sa carrière d’athlète.

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Karin RICHERT-BALZER (1938- )


Athlète est-allemande

La trajectoire de Karin Richert-Balzer, championne olympique en 1964 à Tokyo (80 mètres haies), illustre bien le rôle de la Stasi au sein du mouvement sportif de la R.D.A. Ainsi, la jeune Karin Richert, qui étouffait en R.D.A., passa à l’Ouest, avec son compagnon et entraîneur Karl-Heinz Balzer, en juillet 1958. Or, deux mois plus tard, le couple retourna en R.D.A. : la Stasi menaçait de s’en prendre à la famille de la jeune athlète si celle-ci ne revenait pas « au pays ». Elle s’exécuta, tout comme Karl-Heinz Balzer, pourtant très réticent. Dès lors, la Stasi va présenter Karin Richert-Balzer comme une « repentie », la contraindre à critiquer la vie à l’Ouest…

Malgré toute cette pression, Karin Richert-Balzer parvient à briller sur les pistes : en 1964, elle bat le record du monde du 80 mètres haies, puis devient championne olympique à Tokyo, sous les couleurs de « l’équipe unifiée d’Allemagne ». Devenue mère en 1965, elle reprend vite la compétition et remporte le 80 mètres haies aux Championnats d’Europe de Budapest. En 1968, année de la première participation de la R.D.A. en tant qu’État aux Jeux Olympiques, elle est désignée porte-drapeau de la délégation de la R.D.A. : il s’agit plus d’une « punition » que d’un honneur, cette décision se situant dans le droit fil de la propagande de la Stasi – qui mieux qu’une « repentie » pouvait symboliser l’arrivée de la R.D.A. aux Jeux ? À Mexico, Karin Richert-Balzer ne se classe que cinquième du 80 mètres haies remporté par l’Australienne Maureen Caird.En 1969, pour les femmes, le 80 mètres haies laisse la place au 100 mètres haies. Karin Richert-Balzer n’en continue pas moins de briller : elle bat quatre fois le record du monde, devient la première femme à casser la barrière des 13 secondes sur la distance (12,9 s, septembre 1969), remporte l’épreuve aux Championnats d’Europe d’Helsinki, en 1971.

Le 8 septembre 1972, elle se trouve au départ de la finale du 100 mètres haies aux Jeux Olympiques de Munich, car son mari lui a caché que leur fils s’est tué la veille dans un accident de la route : elle obtient la médaille de bronze. Sa carrière sportive prend fin.

Dès lors, avec son mari, elle entraîne de jeunes athlètes. La vie du couple est difficile, d’autant plus qu’ils refusent de donner des stéroïdes aux athlètes qu’ils préparent : la Stasi les surveille en permanence ; on les contraint à plusieurs déménagements forcés (« relogements », selon le vocabulaire de la Stasi). En novembre 1989, le Mur de Berlin tombe. Mais, selon son fils, Karin Richert-Balzer a toujours peur que ça revienne comme avant ».

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Hannes KOLEHMAINEN (1889-1966)

Athlète finlandais

Si, avec le temps, son nom est demeuré moins présent dans les esprits que celui de son compatriote Paavo Nurmi, il n’en reste pas moins que Hannes Kolehmainen présente un brillant palmarès, ponctué de quatre médailles d’or aux Jeux Olympiques, et qu’il fut l’un des pionniers de l’école finlandaise de courses de demi-fond long.

Cadet d’une famille de cinq enfants, Hannes Kolehmainen est attiré très jeune par les activités sportives, notamment par le ski de fond. Il optera pour la course à pied et se soumettra à un entraînement rigoureux. Il est un adepte à la fois du cross-country et du travail chronométré sur la piste, sur de courtes distances, pour améliorer sa vitesse terminale.

Ce travail porte ses fruits lors des Jeux Olympiques de Stockholm en 1912. Hannes Kolehmainen est en effet d’abord couronné champion olympique du 10 000 mètres. Il remporte également le 5 000 mètres, après une course de légende à l’issue de laquelle il devance le Français Jean Bouin et pulvérise le record du monde (14 min 36 s 3/5, contre 15 min 1s 1/2 par le Britannique Arthur Robertson en 1908). Enfin, il obtient la médaille d’or du cross-country et la médaille d’argent de la même épreuve par équipes, avec ses compatriotes Lauri Eskola et Albin Stenroos.

Il part en 1914 pour les États-Unis rejoindre son frère, qui l’incite à se préparer pour le marathon. Il dispute notamment, en 1917, le marathon de Boston, qui est déjà une épreuve célèbre, et prend la quatrième place de la course. L’indépendance du grand-duché de Finlande procure à Hannes Kolehmainen un supplément de motivation et il prépare soigneusement les Jeux d’Anvers. En 1920 donc, lors des Jeux Olympiques d’Anvers, Hannes Kolehmainen s’aligne sur le marathon. L’épreuve a lieu sur une route en terre battue rendue lourde par la pluie. Hannes Kolehmainen force l’allure peu après la mi-course et remporte la médaille d’or, en résistant au retour de l’Estonien Yüri Lossmann.

En 1952, à l’occasion des jeux Olympiques d’Helsinki, il connaîtra l’honneur d’allumer une des deux vasques olympiques (l’autre l’est par Paavo Nurmi).

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Lee CALHOUN (1933-1989)

Athlète américain

Lee Calhoun fut le premier hurdler à remporter deux fois consécutivement le titre olympique du 110 mètres haies. En outre, à chaque fois, ses triomphes se jouèrent pour quelques centimètres. Lee Calhoun, étudiant au North Carolina College, fut notamment champion des États-Unis du 110 mètres haies en 1956 et en 1959. Lors de l’épreuve du 110 mètres haies aux Jeux Olympiques de Melbourne en 1956, Calhoun prit un meilleur départ que son compatriote et plus sérieux rival, Jack Davis, et devança ce dernier d’un souffle. En 13,5 secondes, les deux coureurs, classés dans le même temps, partageaient un nouveau record olympique, malgré un vent défavorable. Le chronomètre électronique, alors non homologué, indiquait que Calhoun devançait Davis de 3 centièmes de seconde.

En 1958, Lee Calhoun connut une parenthèse dans sa carrière : il fut un moment interdit de compétitions pour « professionnalisme », car il avait accepté des cadeaux lors d’un jeu télévisé. En 1960, il égala le record du monde du 110 mètres haies, établi l’année précédente par l’Allemand Martin Lauer en 13,2 secondes. Lors des Jeux Olympiques de Rome, en 1960, Lee Calhoun conserva son titre sur 110 mètres haies : dans une course plus serrée encore que celle de 1956, il réalisa le même temps que son compatriote Willie May : 13,8 secondes. Le chronomètre électronique départagea les deux concurrents, indiquant que Calhoun devançait son adversaire de 1 centième de seconde seulement.

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