Dorothea DOUGLASS CHAMBERS (1878-1960)

Tenniswoman britannique

Dorothea Douglass Chambers fut la première grande championne de tennis de l’histoire. Elle a notamment remporté 7 fois le tournoi de Wimbledon, entre 1903 et 1914. Elle s’imposa contre les meilleures tenniswomen de son temps : Ethel Thomson Larcombe, Charlotte Cooper Sterry, Dora Boothby, Winifred Slocock McNair. Elle ne baissa pavillon à Wimbledon qu’en 1919, défaite à l’issue d’une finale mémorable par la Française Suzanne Lenglen. Dorothea avait 40 ans, Suzanne, 20 ans. Dorothea Douglass Chambers ne mit fin à sa carrière qu’à l’âge de 46 ans. Mais Dorothea Douglass Chambers fut aussi championne olympique : en 1908, aux Jeux de Londres, elle obtint la médaille d’or en battant en finale sa compatriote Dora Boothby.

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Jay GOULD II (1888-1945)

Joueur de paume américain

Le jeu de paume, discipline typiquement anglaise, ne fut présent qu’une seule fois aux Jeux Olympiques, en 1908 à Londres, évidemment. Et la déception des Anglais fut à la hauteur de leurs espérances : en effet, l’Américain Jay Gould II s’imposa devant 10 Britanniques. En outre, durant le tournoi, Jay Gould II remporta toutes ses parties sans perdre le moindre set. Il faut dire que Jay Gould II pouvait bénéficier des meilleures conditions d’entraînement, dégagé de tout souci financier : il était en effet le petit-fils du multimillionnaire Jay Gould, magnat des chemins de fer et spéculateur en Bourse. Ainsi, en 1900, un cour privé fut construit dans la propriété familiale de Lakewood (New Jersey). Par ailleurs, il bénéficia des conseils des plus grands professeurs, tels que Frank Forester. Ainsi, Jay Gould II remporta son premier titre de champion des États-Unis à 17 ans, et il le conserva chaque année jusqu’à sa retraite sportive, en 1926. Par la suite, il n’eut jamais besoin de travailler. Il géra la fortune familiale et ses intérêts immobiliers depuis ses bureaux de New York… dans lesquels il avait fait construire un court de tennis et de paume.

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Evan NOEL (1879-1928)

Sportif britannique

Evan Noel est l’unique champion olympique de racquets, une discipline très anglaise présente au programme olympique aux seuls Jeux de Londres en 1908. En outre, il s’imposa en finale sans combattre : son adversaire, Henry Leaf, qui avait battu John Jacob Astor en demi-finale mais s’était blessé à la main, fut contraint de déclarer forfait. On note que Evan Noel, ambidextre, fut le capitaine de l’équipe de cricket du Trinity College de Cambridge durant ses études. Plus tard, il devint rédacteur en chef du Times, mais, sur les conseils de son médecin, qui pensait que le travail de nuit nuirait à sa santé fragile (un comble pour un champion olympique), il démissionna.

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Alberto BRAGLIA (1883-1954)

Gymnaste italien

Issu d’une famille de condition modeste, Alberto Braglia fut contraint de travailler très jeune pour gagner sa vie et exerça la profession de mitron. Enfant, il forgea sa musculature en s’entraînant seul dans une grange ; adolescent, il se rendit fréquemment au gymnase de sa ville natale pour parfaire sa condition physique. Il fut retenu par la Fédération italienne de gymnastique pour les « Jeux intercalaires » d’Athènes, en 1906, où il se classa deuxième du concours général. En 1908, aux Jeux Olympiques de Londres, il remporta la médaille d’or dans le concours général, devant le favori, le Britannique Walter Tysal.

Alberto Braglia imagina que le succès olympique pourrait lui procurer la fortune, et il délaissa son fournil pour monter un spectacle lors duquel il proposait un numéro d’« homme-torpille ». Ce changement d’orientation professionnelle ne lui apporta en fait que des désagréments : il se cassa l’épaule et plusieurs côtes ; la Fédération italienne le déclara « professionnel », ce qui lui fermait les portes des Jeux Olympiques. Néanmoins, il retrouva son statut « amateur » peu avant les Jeux de Stockholm, en 1912, ce qui lui permettait de participer de nouveau aux compétitions olympiques. En Suède – pays où la gymnastique était alors l’un des sports rois –, il provoqua l’admiration du public comme des juges par ses prestations, à la barre fixe et au cheval-d’arçons notamment, et son duel avec le Français Louis Ségura tint tout le monde en haleine. Alberto Braglia s’adjugea la médaille d’or. Cette année-là, il remporta aussi la compétition par équipes avec l’Italie.

Alberto Braglia délaissa cette fois totalement la gymnastique sportive et rejoignit les gens du cirque. Il monta notamment un duo comique. Plus tard, il reprit le chemin du gymnase pour relever un défi : tenter de participer, à 45 ans, aux Jeux Olympiques d’Amsterdam en 1928. Il ne parvint pas à obtenir sa sélection, mais les dirigeants de la Fédération italienne de gymnastique, impressionnés par sa motivation, le nommèrent entraîneur de l’équipe d’Italie, dans l’optique des Jeux de 1932 à Los Angeles. Sous sa houlette, à Los Angeles, Romeo Neri obtint la médaille d’or dans la compétition individuelle et l’Italie remporta l’épreuve par équipes.

Alberto Braglia abandonna cette fois définitivement le monde du sport. Il devint restaurateur à Bologne. Mais son établissement fut détruit par les bombardements durant la Seconde Guerre mondiale, ce qui provoqua sa ruine.

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Henry TAYLOR (1885-1951)

Nageur britannique

Henry Taylor fut le meilleur nageur de demi-fond de son temps : il remporta notamment 3 médailles d’or aux Jeux Olympiques de Londres en 1908 et fut le premier champion à établir des records du monde reconnus comme tels sur 400 mètres, 880 yards (800 mètres) et 1 500 mètres nage libre. Orphelin très jeune, Henry Taylor fut élevé par son frère aîné. Très tôt, il travailla dans une filature de coton, usant son enfance sur les métiers à tisser. Le garçonnet se prit de passion pour la natation ; dès l’âge de 9 ans, il mit à profit ses rares moments libres pour s’entraîner, dans le canal ou dans les bains publics de Chadderton. Adolescent, il intégra le Chadderton Swimming Club, ce qui lui permit de se préparer de manière plus efficace et de réaliser de belles performances. Ainsi, en 1906, aux « Jeux intercalaires » d’Athènes, il remporta le mile, se classa deuxième du 400 mètres et, avec l’équipe de Grande-Bretagne, troisième du relais 4 fois 250 mètres. La même année, il établit le premier record du monde reconnu sur 880 yards : 11 min 25,4 s, une performance qui ne sera pas améliorée avant 1920.

En 1908, Henry Taylor, au meilleur de sa forme, se distingua aux Jeux Olympiques de Londres : il disputa trois épreuves de nage libre en dix jours et les remporta toutes. Il gagna le 400 mètres en établissant le premier record du monde sur la distance (5 min 36,8 s). Puis il réalisa un grand exploit lors du relais 4 fois 200 mètres : quand il s’élança, la Hongrie possédait une belle avance et le célèbre Zoltán von Halmay semblait pouvoir assurer la victoire de son équipe ; mais Taylor le dépassa à 20 mètres du but et offrit à la Grande-Bretagne la médaille d’or. Le lendemain, il était de nouveau à l’eau pour disputer le 1 500 mètres. Son compatriote Thomas Battersby lança la course sur un rythme très élevé, Taylor s’accrocha, accélèra brutalement à 200 mètres de l’arrivée et, grâce à l’exceptionnelle endurance qu’il avait forgée au cours d’années d’entraînement, il remporta une troisième médaille d’or, en établissant le premier record du monde reconnu sur la distance (22 min 48,4 s). En 1912, Taylor participa de nouveau aux Jeux, à Stockholm, et obtint la médaille de bronze dans le relais 4 fois 200 mètres.

Mobilisé dans la Royal Navy durant la Première Guerre mondiale, il ne mit pas fin à sa carrière. Il répondit encore présent au rendez-vous olympique en 1920 à Anvers, où il s’adjugea de nouveau la médaille de bronze dans le relais 4 fois 200 mètres. Henry Taylor continua de nager dans diverses compétitions jusqu’en 1926, sans grande réussite. Il connaîtra par la suite des revers de fortune, puis deviendra maître-nageur à Chadderton.

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MIYAKE Yoshinobu (1939- )

Haltérophile japonais

Miyake_1964 (2)Miyake Yoshinobu remporta deux médailles d’or aux Jeux Olympiques dans la catégorie des poids plume, en 1964 et en 1968. Il a aussi écrit, avec son frère cadet Miyake Yoshiyuki, une jolie saga olympique familiale.

Miyake Yoshinobu s’initia à l’haltérophilie durant ses études à l’université Hosei. Les haltérophiles nippons y perfectionnaient la posture dite « cuisses de grenouille » (talons collés, genoux éloignés le plus possible) qu’ils adoptaient avant de commencer leurs mouvements en compétition.

Tirant dans la catégorie des poids coq (moins de 56 kg), Miyake Yoshinobu devint, en 1960 aux Jeux de Rome, le premier haltérophile japonais à décrocher une médaille olympique : il se classa deuxième de la compétition, derrière l’Américain Charles Vinci. Champion du monde des poids coq en 1962, Miyake changea de catégorie et concourut à partir de 1963 chez les poids plume (moins de 60 kg) ; il remporta la même année le titre de champion du monde.

En 1964, Miyake Yoshinobu devint à Tokyo le premier Japonais champion olympique d’haltérophilie. De nouveau champion du monde des poids plume en 1965 et en 1966, Miyake Yoshinobu était encore le favori pour le titre olympique en 1968 à Mexico. Parmi ses rivaux figurait son frère cadet Miyake Yoshiyuki : la saga familiale s’avéra quasi parfaite : Yoshinobu obtint sa seconde médaille d’or olympique, Yoshiyuki s’adjugea la médaille de bronze. Il s’agissait d’une sorte de transmission de témoin temporaire, puisque Yoshiyuki sera champion du monde en 1969 et en 1971.

Miyake Yoshinobu participa de nouveau aux Jeux Olympiques en 1972 à Munich, mais il ne prit que la quatrième place, devancé par trois concurrents issus des pays d’Europe de l’Est.

Il mit alors un terme à sa carrière, durant laquelle il aura établi vingt-cinq records du monde. Par la suite, il entraîna l’équipe nationale d’haltérophilie du Japon.

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Natalia PECHENKINA (1946- )

Athlète soviétique

PECHEN (2)Quasi inconnue avant les Jeux Olympiques de Mexico en 1968, Natalia Pechenkina a failli causer la surprise sur 400 mètres : longtemps en tête, elle se classa finalement troisième, la victoire allant à une autre championne alors quasi inconnue : Colette Besson. En 1970, elle épousa le hurdler Valentin Chistiakov et, sous son nom de femme mariée, Natalia Chistiakova, elle obtint une médaille de bronze avec le relais 4 fois 400 mètres soviétique lors des Championnats d’Europe en 1971. Détail amusant : le couple s’installa en Australie et leur fils, Viktor Chistiakov, se classa cinquième du concours de saut à la perche aux Jeux Olympiques de Sydney, en 2000. Autre détail : sa petite-fille, Elizabeth Parnova, est aussi une perchiste de niveau international ! Bon sang ne saurait mentir.

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Lee EVANS (1947-2021 )

Athlète américain

EVANSLee Evans, entraîné par Bud Winter au San Jose State College, fut champion des États-Unis du 400 mètres en 1966 et 1967. Il préparait les Jeux de Mexico. Des Jeux auxquels il aurait bien pu ne pas participer, tout comme Tommie Smith et John Carlos. Les trois hommes, voulant protester contre la discrimination raciale qui sévissait aux États-Unis, réclamaient notamment qu’un entraîneur noir figurât dans l’encadrement de l’équipe américaine d’athlétisme. Ils furent entendus sur ce point.

Lee Evans alla au bout de ses ambitions et devint champion olympique du 400 mètres en 1968 à Mexico, en établissant un fabuleux record du monde (43,86 s), qui tiendra jusqu’en 1988. Ce 18 octobre 1968, il devançait ses compatriotes Larry James et Ron Freeman. Sur le podium, en solidarité avec Tommie Smith et John Carlos, qui avaient levé un poing ganté de noir sur le podium du 200 mètres pour protester contre la discrimination raciale aux États-Unis, ce qui leur valut de se voir exclus des Jeux, les trois hommes, coiffés du béret du Black Power et poing levé, écoutèrent distraitement l’hymne américain. Avec ses deux équipiers et Vincent Matthews, Lee Evans fut également champion olympique du 4 fois 400 mètres (2 min 56,1 s, record du monde). À l’instar de Tommie Smith et John Carlos, même s’il n’a pas été exclu du village olympique, Lee Evans vit, en raison de son action, sa carrière s’achever ainsi. Il deviendra par la suite entraîneur d’athlétisme en Afrique.

Lee Evans n’a jamais regretté son comportement sur le podium à Mexico, même si celui-ci lui a coûté sa carrière sportive. Il déclarait ainsi en 2008 au sujet de son attitude et de celle de ses compatriotes : « Ces actes politiques ont largement dépassé le cadre du sport. Des proches de Malcolm X m’ont dit que ce que nous avions fait avait joué un rôle considérable dans un mouvement qui a finalement abouti à la reconnaissance, par les États-Unis, de l’égalité des Noirs et des Blancs. »

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Klaus DIBIASI (1947- )

Plongeur italien

DIBIASI (2)Klaus Dibiasi domina l’épreuve de haut-vol (10 mètres) de la fin des années 1960 au milieu des années 1970, remportant trois titres olympiques durant cette période. Il fut par ailleurs le premier Italien à décrocher une médaille d’or aux Jeux en natation ou en plongeon.

Né dans le Tyrol autrichien, Klaus Dibiasi s’entraîne auprès de son père, Carlo Dibiasi, champion d’Italie au tremplin de 1933 à 1936. Il suit un programme intensif, effectuant plusieurs dizaines de plongeons par semaine.

À dix-sept ans, il est sélectionné pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 1964 : il brille déjà et obtient la médaille d’argent en haut-vol. Quatre ans plus tard, aux Jeux de Mexico, Klaus Dibiasi est la star des épreuves de plongeon : il obtient la médaille d’or en haut-vol, loin devant le Mexicain Álvaro Gaxiola, et la médaille d’argent au tremplin de 3 mètres. Il est de nouveau médaillé d’or en haut-vol aux Jeux de Munich en 1972, puis aux Jeux de Montréal en 1976 (devant l’espoir américain de la discipline, Greg Louganis). Il devient à cette occasion le premier plongeur à remporter consécutivement trois médailles d’or olympiques.

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Martin SHERIDAN (1881-1918)

Athlète américain

Américain d’origine irlandaise, Martin Sheridan, installé aux États-Unis en 1897, où il exerce le métier de policier tout en menant une carrière sportive, compte à son palmarès trois titres olympiques, mais sa collection de médailles olympiques serait encore plus fournie si le Comité international olympique avait reconnu les « Jeux intercalaires » d’Athènes de 1906, où il en remporta cinq. Aux Jeux Olympiques de Saint Louis en 1904, le concours de lancer du disque donne lieu à un duel serré : Martin Sheridan et son compatriote Ralph Rose réussissent tous les deux un lancer de 39,28 mètres ; un jet supplémentaire est donc nécessaire pour les départager ; Sheridan envoie l’engin à 38,97 mètres, Rose à 36,74 mètres ; Sheridan obtient donc la médaille d’or. En 1906, aux « Jeux intercalaires » d’Athènes, Martin Sheridan multiplie les exploits : il remporte la médaille d’or au lancer du poids et au lancer du disque, la médaille d’argent dans les concours de sauts sans élan (longueur et hauteur), ainsi qu’au lancer de pierre.

En 1908, Martin Sheridan est de nouveau présent au rendez-vous olympique à Londres, où il se trouve à l’origine d’une tradition américaine désormais bien ancrée : ne jamais incliner la bannière étoilée devant quiconque. Pour la première fois, un défilé des nations est organisé pour marquer la cérémonie d’ouverture des Jeux. Or Sheridan convainc Ralph Rose, porte-drapeau de la délégation des États-Unis, de laisser flotter haut le Stars and Stripes en passant devant le roi Édouard VII, ce qui est contraire au protocole. Il existe deux versions de la genèse de l’incident. Selon la première, Martin Sheridan, fier de son sang irlandais et qui n’avait besoin d’aucun prétexte pour défier les Britanniques, aurait alors prononcé des paroles devenues célèbres : « Ce drapeau ne s’incline devant aucun monarque terrestre. » Selon la seconde, plus vraisemblable, la décision de laisser flotter haut l’oriflamme fut prise la veille de la cérémonie lors de quelque libation entre lanceurs irlando-américains… Durant ces Jeux de 1908, Sheridan remporte la médaille d’or dans le concours de lancer du disque (40,89 m) et dans l’épreuve de lancer du disque « style grec », la médaille de bronze dans la compétition de saut en longueur sans élan. Après les Jeux de Londres, il fait escale en Irlande, afin de retrouver ses racines. Il se produit dans diverses réunions et se voit fêté comme un héros local. Martin Sheridan décède des suites de la grippe espagnole.

©Pierre LAGRUE