Henry BLACKSTAFFE (1868-1951)

Rameur britannique

Henry Blackstaffe fut un des meilleurs champions d’aviron à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Plusieurs fois vainqueur des Wingfield Sculls, il devra attendre de longues années avant de pouvoir participer aux Régates royales de Henley, pour une raison étrange : il exerçait la profession de boucher, et, pour les Anglais, il n’était pas considéré comme un « amateur ». Finalement, il fut autorisé à y prendre part en 1905, et il remporta les Diamond Sculls en 1906. En 1908, pour les Jeux Olympiques de Londres, les régates d’aviron se tenaient bien sûr à Henley. Le skiff fut l’épreuve reine. La finale mettait aux prises Henry Blackstaffe, âgé de 40 ans, et son compatriote Alexander McCulloch, âgé de 20 ans. Les deux hommes restèrent au coude-à-coude jusqu’à 50 mètres du but, quand Henry Blackstaffe parvint à prendre une légère avance, pour finalement devancer son rival de moins de 2 secondes. Henry Blackstaffe reste encore aujourd’hui le plus âgé des champions olympiques de skiff. Après ce triomphe, Henry Blackstaffe prit sa retraite sportive. Il fut élevé au grade de Freeman of the City of London, ce qui constituait une belle revanche pour cet ancien boucher.

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Benjamin JONES (1882-1963)

Cycliste britannique

Benjamin Jones participa à cinq épreuves aux Jeux Olympiques de Londres en 1908. Il y disputa onze courses, en comptant les séries qualificatives. Dans l’épreuve des 20 kilomètres sur piste, il obtint la médaille d’argent, devancé sur le fil par son compatriote Clarence Kingsbury. Puis, associé à Clarence Kingsbury, Leon Meredith et Ernest Payne, il remporta la médaille d’or dans la poursuite par équipes. Enfin et surtout, il fut médaillé d’or dans l’épreuve des 5 kilomètres, devant les Français Maurice Schilles et André Auffray. Il aurait aussi dû obtenir une médaille d’argent dans l’épreuve de sprint, devancé d’un boyau par Maurice Schilles, mais le jury décida d’annuler le résultat pour « dépassement du temps imparti ». Le jury britannique, qui ne tint compte ne de la tactique ni des conditions atmosphériques difficiles, aurait-il pris la même décision si Benjamin Jones l’avait emporté ?

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Bobby KERR (1883-1963)

Athlète canadien

Né en Ulster, Bobby Kerr émigra en Ontario avec ses parents à l’âge de 5 ans. Pompier de profession, il se mit à la course à pied et réalisa de bonnes performances. Aussi, il dépensa toutes ses économies pour se rendre à Saint Louis en 1904, et participer aux Jeux Olympiques, où il n’obtint aucun résultat. Il persévéra, établit plusieurs records du Canada dans les courses de sprint, et se présenta aux Jeux de Londres en 1908 en tant que favori des 100 et 200 mètres. Médaillé de bronze du 100 mètres, il remporta le 200 mètres (22,6 s). Durant la Première Guerre mondiale, il servit dans les Forces expéditionnaires du Canada en tant qu’officier. La paix revenue, il entraîna des équipes d’athlétisme et de football à Hamilton. Surtout, il travailla pour l’Association olympique canadienne, et fut, en 1930, un des maîtres d’œuvre de l’organisation des premiers Jeux de l’Empire britannique, qui se tinrent à Hamilton.

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Charles BARTLETT (1885-1968)

Cycliste britannique

Charles Bartlett, qui commença le cyclisme en 1902, à l’âge de 16 ans, remporta quelques jolis succès. Mais il est surtout connu pour avoir obtenu la médaille d’or dans la course des 100 kilomètres sur piste aux Jeux de Londres, en 1908, dont la finale se déroula dans des conditions dantesques. En effet, après les demi-finales, 17 concurrents se qualifièrent pour la finale, le grand favori étant le Britannique Leon Meredith, champion du monde et qui avait battu Charles Bartlett en demi-finale. Charles Bartlett, âgé de 23 ans, était le plus jeune des participants. Le jour de la finale, la course se déroula sous de fortes pluies, sur une piste qui se dégradait. Chutes et crevaisons se multiplièrent. Leon Meredith fut contraint à l’abandon. Charles Bartlett fut lui aussi victime d’incidents, endommagea sa machine à 30 kilomètres de l’arrivée, fut relégué à un tour du peloton… Mais il parvint à faire son retard et s’imposa au sprint, devant son compatriote Charles Denny et le Français Octave Lapize, qui remportera le Tour de France en 1910. Seulement 8 concurrents parvinrent à couvrir les 100 kilomètres, les autres ayant abandonné. Après sa retraite sportive, Charles Bartlett développa une entreprise prospère.

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Charles BACON (1885-1968)

Athlète américain

Aujourd’hui, Charles Bacon ne serait pas sacré champion olympique du 400 mètres haies. Ce champion américain d’origine irlandaise le fut pourtant, en 1908 aux Jeux de Londres, malgré une faute technique : durant la finale, il changea brièvement de couloir et franchit la mauvaise haie. Néanmoins, il ne fut pas disqualifié, car le jury considéra qu’il n’avait pas bénéficié d’un avantage. Il est vrai qu’il devançait son compatriote Harry Hillman, et qu’une disqualification n’aurait pas bénéficié à un Britannique. On note que, durant les séries, Charles Bacon avait établi une nouvelle meilleure performance mondiale (57,0 s), améliorée par Harry Hillman en demi-finale (56,4 s). En finale, Charles Bacon s’imposa en 55,0 s. En 1912, quand elle établira la première liste officielle des records du monde, la Fédération internationale d’athlétisme considérera ce temps comme le premier record du monde du 400 mètres haies, sans tenir compte du fait que Charles Bacon s’était trompé de couloir. Harry Hillman, quant à lui, avait été sacré champion olympique en 1904 à Saint Louis, en 53,0 s (mais la hauteur des haies était de 76 cm et non pas de 91 cm comme c’est la norme). Charles Bacon avait déjà participé aux Jeux de Saint Louis, en 1904, sur 1 500 mètres, et aux « Jeux intercalaires » d’Athènes, en 1906, sur 400 et 800 mètres, sans obtenir de médaille.

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Chris BOARDMAN (1968- )

Cycliste britannique

BOARMAN (2)Chris Boardman fut champion olympique de poursuite avant de se distinguer sur la route et, surtout, de contraindre l’Union cycliste internationale (U.C.I.) à édicter un nouveau règlement.

En 1992, aux Jeux de Barcelone, Chris Boardman devient champion olympique de poursuite en battant très nettement l’Allemand Jens Lehmann en finale : déjà à la pointe de la recherche, il utilise un vélo spécial développé par Lotus. En 1993, il établit son premier record de l’heure (52,270 km). En 1996, il obtient la médaille de bronze dans l’épreuve contre la montre des Jeux d’Atlanta. Quelques jours plus tard, à Manchester, il porte le record de l’heure à 56,375 km. Pour réaliser sa performance, il a bénéficié d’un vélo spécialement conçu, équipé d’un guidon lui permettant une position allongée. L’U.C.I. décide d’interdire ce type de matériel et décrète en 2000 que le nouveau record de l’heure est celui qui a été établi par Eddy Merckx en 1972 (49,431 km) et que, pour s’y attaquer, il faudra désormais employer un matériel similaire à celui du Belge à l’époque. Le 27 octobre 2000 à Manchester, Chris Boardman se remet en piste avec un vélo traditionnel et redevient recordman de l’heure en couvrant 49,441 km. Il met alors un terme à sa carrière. Chris Boardman a remporté trois fois le prologue du Tour de France et demeure considéré comme l’un des meilleurs spécialistes du contre-la-montre.

Après sa carrière sportive, Chris Boardman devient responsable des équipes britanniques de cyclisme sur piste. À ce poste, il bénéficie de moyens considérables et de structures sans égales, à Manchester, pour préparer les Jeux de Londres en 2012. Il tient ce rôle à merveille, et les résultats viennent plus tôt que prévu : dans le sillage du puissant Chris Hoy (3 médailles d’or), les Britanniques dominent largement les compétitions de cyclisme sur piste en 2008 aux Jeux de Pékin.

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Hennie KUIPER (1949- )

Cycliste néerlandais

Kuiper (2)Hennie Kuiper fit une magnifique carrière chez les professionnels. Il devint champion du monde en 1975 sur le circuit d’Yvoir (Belgique), après avoir distancé le favori, Roger De Vlaeminck. Ce succès aiguisa ses ambitions. En 1977, il réalisa une belle performance lors du Tour de France : il s’imposa à L’Alpe-d’Huez et se posait en rival direct de Bernard Thévenet, qui ne sauva son maillot jaune que pour 8 secondes ; le Néerlandais ne parviendra pas à inverser la tendance lors de l’étape contre la montre à Dijon, et se classera deuxième de la Grande Boucle, à 48 secondes de Bernard Thévenet. Il fut de nouveau deuxième du Tour de France en 1980, derrière Joop Zoetemelk. Dès lors, il va étoffer son palmarès en remportant de nombreuses classiques : le Tour des Flandres et le Tour de Lombardie en 1981, Paris-Roubaix en 1983, Milan-San Remo en 1985.

Mais on oublie parfois qu’il fut champion olympique : il remporta la course sur route aux Jeux de Munich, en 1972. Au temps de l’amateurisme, Hennie Kuiper fut le seul champion olympique sur route à faire une brillante carrière professionnelle par la suite.

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Walter GODEFROOT (1943- )

Cycliste belge

GODEFROOT (2)Routier-sprinter, spécialiste des courses d’un jour (les classiques), Walter Godefroot fut l’un des rares champions à s’opposer à l’hégémonie d’Eddy Merckx en ce domaine. Il compte notamment des victoires dans Liège-Bastogne-Liège (1967), le Tour des Flandres (1968 et 1978), Paris-Roubaix (1969), Gand-Wevelgem (1968), le Championnat de Zurich (1970 et 1974), le Grand Prix de Francfort (1974). Il a également gagné les Quatre Jours de Dunkerque (1974) et Bordeaux-Paris (1969 et 1976). Sur le Tour de France, il a remporté 10 étapes et fut lauréat du classement par points en 1970. Il fut aussi champion de Belgique en 1965 et en 1972.

Mais on oublie souvent qu’il fut également médaillé olympique. En effet, en 1964 aux Jeux de Tokyo, il obtint la médaille de bronze dans la course en ligne, derrière l’Italien Mario Zanin et le Danois Kjell Rodian. On peut noter qu’Eddy Merckx, échappé, fut rejoint dans le final et ne se classa que douzième à Tokyo.

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Vane PENNELL (1876-1838)

Sportif britannique

Vane Pennell était un adepte de sports soit typiquement anglais, soit désuets : les racquets et le jeu de paume. Il est donc un champion olympique inattendu. En effet, en 1908 aux Jeux de Londres, la discipline des racquets fut pour la première et unique fois inscrite au programme. Vane Pennell, associé à John Jacob Astor V, remporta la médaille d’or en double. À Londres, Vane Pennell prit également part à la compétition de jeu de paume, mais il ne se classa que cinquième. Vane Pennell, considéré comme un des meilleurs joueurs de racquets et de paume de son temps, participa rarement aux Championnats de Grande-Bretagne. Il fut néanmoins champion de Grande-Bretagne en double, en 1901 et en 1908, à chaque fois associé à Frances Dames Longworth, qui fut tout comme lui élève à Charterhouse. On note que Vane Pennell pratiquait aussi le hockey sur glace au niveau international. Par ailleurs, il publia un des premiers ouvrages consacrés au bridge. Durant la Première Guerre mondiale, il servit au sein du Royal Army Service Corps.

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Oscar SWAHN (1847-1927)

Tireur suédois

Fine gâchette, le Suédois Oscar Swahn remporta trois médailles d’or, une médaille d’argent et deux médailles de bronze dans les épreuves de tir sur « cerf courant » aux Jeux Olympiques : il obtint sa dernière médaille à l’âge de 72 ans, ce qui fait de lui le plus vieux médaillé des Jeux. Employé des Postes, Oscar Swahn était un passionné de tir et de chasse. Habitué aux grandes randonnées dans les bois et les steppes scandinaves, il chassait durant de longues journées cerfs, élans, lièvres, canards et oies sauvages. Membre de l’Association des chasseurs suédois, il intégra en 1891 un club de tir sportif. Il fut sélectionné pour participer aux Jeux Olympiques de Londres en 1908, alors qu’il était déjà âgé de 60 ans. Il s’imposa dans l’épreuve individuelle de tir sur cerf courant coup simple à 100 mètres et obtint la médaille de bronze dans l’épreuve de tir sur cerf courant coup double à 100 mètres. Mais sa plus grande joie fut de remporter la compétition par équipes de tir sur cerf courant coup simple à 100 mètres, car il était notamment associé à son fils.

En 1912, aux Jeux de Stockholm, la famille Swahn souhaitait briller devant le roi Gustave V. Dans l’épreuve individuelle de tir sur cerf courant coup simple à 100 mètres, Oscar Swahn ne prit que la quatrième place, mais son fils Alfred s’octroya la médaille d’or. Dans la compétition par équipes, la Suède, avec Oscar Swahn, s’adjugea facilement la médaille d’or.

Désormais retraité des Postes où il était devenu chef du personnel, Oscar Swahn répondit une nouvelle fois présent au rendez-vous olympique, en 1920 à Anvers : à plus de 72 ans, il obtint la médaille d’argent dans la compétition de tir sur cerf courant à deux coups par équipes. L’aventure olympique d’Oscar Swahn prit fin quatre ans plus tard : il fut sélectionné pour les Jeux de Paris, mais, malade, il renonça à participer aux épreuves.

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